À moins d'être sourd, vous seriez très malchanceux -ou chanceux, c'est selon- de ne jamais avoir entendu le succès radiophonique I Kissed A Girl de Katy Perry. La chanson, un hommage aux baisers entre filles quand on a bu un verre de trop, a propulsé la chanteuse au sommet des palmarès.

Mais un premier album parsemé de quelques tubes «vers d'oreille» ne fait pas nécessairement un bon spectacle. Surtout quand on parle encore du passage flamboyant de Lady Gaga en ville, trois jours plus tôt.

Katy Perry a quand même su faire valoir qu'elle est plus qu'une starlette, hier soir, au Métropolis. Même si sur scène, son pop-rock hésite trop entre l'adolescence et l'âge adulte.

Lèvres d'un rouge éclatant, tutu qui cache à peine ses fesses, décolleté plongeant, Perry avait son traditionnel look de pin-up moderne. Difficile de croire que cette fille de deux pasteurs a d'abord prêté sa voix à des chants chrétiens...

À 20h30 tapant, Katy Perry a fait son entrée devant un immense décor gonflable composé de fruits et d'un chat, un clin d'oeil à sa tournée qu'elle surnomme le Happy Kitty Tour. La chanteuse de 24 ans et ses musiciens ont lancé le bal au son de Fingerprints. Les guitares étaient bien avant, annonçant un show plus rock que pop.

Ensuite, Perry a empoigné sa guitare pour pousser la note sur One of the boys. Mais c'est avec son succès Hot N Cold que le spectacle a véritablement pris son envol, devant une foule en liesse composée à la fois d'adultes, d'adolescentes, de parents avec leurs enfants et de jeunes collégiens pour qui le message texte est un mode de vie.

Difficile de cerner le public-cible de Katy Perry, qui écrit ses propres chansons. Ses textes racontent les états d'âme d'une jeune femme moderne qui fonce dans la vie à coups de girl power. Sur UR So Gay, la chanteuse se désole des goûts de son copain qui ne sentent pas assez la testostérone. Sur If You Can Afford Me, elle vante sa grande valeur, qui -attention-, ne s'achète pas!

Hier, elle a pris en grippe quatre garçons de la foule. À la blague, mais son message était clair: les filles, pas besoin des gars pour s'émanciper. Ils vous feront souffrir si vous vous accrochez trop à eux.

«Je ne crois pas en la violence, mais je chante des chansons diaboliques», a-t-elle lancé à la foule.

Quand on sait qu'un des mentors de Perry est Glen Ballard, qui a collaboré avec Alanis Morissette sur Jagged Little Pill, un parallèle se trace entre les deux chanteuses.

Bien entendu, Perry est plus rose bonbon. Ses musiques sont davantage pop, voire «punkettes». Mais des titres comme Lost, par exemple, laissent deviner pour l'avenir un rock plus mature et moins facile.

C'est peut-être le problème de Perry: elle hésite entre l'adolescence et l'âge adulte. Elle est trop provocante pour les plus jeunes, mais pas assez pour les plus vieux. Des parents placés à côté de moi n'ont pas aimé la voir enfourcher l'énorme banane gonflable de son décor.

Sur scène, autant Perry peut sautiller comme une petite fille dans un jeu de balles, autant elle peut jouer de la guitare acoustique seule au son d'une ballade. Est-elle davantage une artiste pop, davantage une artiste rock? Soit Katy Perry devra choisir, soit elle devra trouver un meilleur équilibre entre les deux (on vous épargne la métaphore Mini Wheats).

Quoi qu'il en soit, elle est rafraîchissante sur scène et sa voix est puissante. À la fin, vêtue d'un costume de chat, elle a chanté Don't Stop Me Now de Queen. «Freddie Mercury est la raison pour laquelle je fais ce que je fais», a expliqué Katy Perry à la foule.

Et pour la finale, personne n'aurait donné sa langue au chat, Perry a entonné son tube I Kissed A Girl.

Katy Perry est une chanteuse pop de 24 ans dont la démarche artistique est à parfaire, mais dont la suite mérite notre attention.