Le mot «allégresse», on le trouve dans plusieurs chants de Noël. Mais l'allégresse tout court, elle, on la trouvait dans la salle du National, à Montréal, samedi soir, où le duo Tricot Machine, accompagné de 35 Petits Chanteurs de Trois-Rivières, d'une fanfare et d'un «band», a chanté Noël et rendu heureux les nombreux spectateurs, âgés de 3 à 73 ans!

C'est à un parfait spectacle de Noël que nous conviait Tricot Machine, alias Matthieu Beaumont et Catherine Leduc. Par parfait, j'entends qu'il était chaleureux, un brin brouillon, affectueux, un peu confus, spontané, souriant, ému, chantant et même un chouïa religieux (on a chanté en latin!), comme un vrai de vrai soir de Noël en famille ou avec des amis vraiment proches. Tout y était pour que l'esprit des Fêtes, celui qui n'a rien à voir avec les achats mais tout à faire avec les cadeaux, règne dans le National rempli jusqu'au balcon.

 

À commencer par le choeur des Petits Chanteurs de Trois-Rivières, qui ont d'abord entonné a cappella quelques classiques de Noël (Carol of The Bells, Çà bergers...), puis Matthieu Beaumont suivi de Catherine Leduc sont venus chanter avec la chorale Dans cette étable. Le choix n'est pas anodin: c'est une vraie chanson d'amour au petit Jésus, cet air, qui se termine d'ailleurs par «Ah, je vous aime»!

Dans un décor fait maison (et main!), où le traîneau et les rennes «gossés» par le grand-père de Catherine côtoyaient une immense courtepointe blanche (qui allait devenir un écran de projection), tous les musiciens arboraient une belle cravate rouge: on se «met propre», à Noël!

Soutenu selon le cas par le choeur, la fanfare ou les musiciens rock, le duo a interprété les morceaux de son bien joli mini-album Tricot Machine chante et raconte le 25 décembre mêlés d'anecdotes franchement rigolotes (dont un intéressant parallèle entre le nez rouge de Rudolf le renne et les gros orteils de Matthieu...), de l'indicatif de l'émission Ciné-Cadeau (interprété à l'époque par Nathalie Simard, et qui a fait danser un petit Sacha de 3 ans, à mes côtés, comme s'il s'agissait de la toune la plus heavy métal au monde!) et des airs tirés de son disque homonyme, qui font référence à l'hiver ou au temps des Fêtes: Les peaux de lièvre, Une histoire de mitaines, Un monstre sous mon lit, Pas fait en chocolat, etc. (album vendu à quelque 40 000 exemplaires à ce jour).

Bien sûr, certaines des chansons du couple-duo ont été «habillées» pour l'occasion: pendant L'ours, un ami déguisé en ours s'est évidemment pointé sur scène (une tradition dans les spectacles de Tricot), mais il était polaire, cet ours, et le chasseur qui le poursuivait a tiré... des confettis dans la salle. La chanson la plus réussie a toutefois été Super Ordinaire, à laquelle son auteur (Daniel, frère de Matthieu) a ajouté des strophes de circonstance: «Je voulais être un des trois rois mages, mais j'ai mêlé Bethléem avec le Cap-de-la-Madeleine (...) Je voulais être un des lutins, mais tous étaient syndiqués, aucun poste à combler». Hilarant, jusqu'à ce que tout à coup Matthieu chante: «Je voulais réveillonner, mais à Noël j'ai pas congé»... Tout le monde a pensé, pendant un instant, à tous ceux qui n'ont pas de chance, à tous ceux qui n'en auront pas dans les mois à venir...

C'est ce mélange d'humour, d'empathie et de vulnérabilité qui rend Tricot Machine unique. C'était particulièrement vrai pendant la chanson 25 décembre, écrite par Daniel Beaumont et composée par Matthieu en souvenir de leur mère, décédée un 25 décembre. C'est déjà une très belle chanson. Mais ce n'était que plus touchant de voir, sur la gigantesque courtepointe, des films amateurs où maman Beaumont riait dans la neige...

En principe, il ne reste qu'une représentation de ce spectacle, et elle a lieu à Québec le 21 décembre. Mais peut-être que si on prie très fort le Petit Jésus ou qu'on le demande gentiment au père Noël, Tricot Machine nous recevra une autre fois à sa chaleureuse soirée du temps des Fêtes...