Voilà. C'est fait. On déclarait cette semaine le décès par lente agonie de l'Académie québécoise du théâtre. Une disparition qui, bien franchement, n'avait rien d'étonnant. Sa principale raison d'être, la Soirée des Masques, l'a précédée au cimetière, à l'issue d'une vie marquée par les questionnements identitaires - être ou ne pas être... télévisé? Sans les Masques, l'AQT, dont le mandat était de promouvoir le théâtre québécois, n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Coïncidence: le Conseil québécois du théâtre (de qui est née l'AQT) rencontrait la presse montréalaise, cette semaine, pour revenir sur les retombées des Seconds États généraux du théâtre québécois, un an après cette vaste consultation.

Martin Faucher (président du CQT) s'est dit désolé de la disparition de ce véhicule de promotion du théâtre. La grande leçon à tirer de tout cela étant qu'il ne faut pas que de tels organismes dépendent de fonds privés.

Reste que s'il est dommage de voir disparaître le principal outil de promotion du théâtre au Québec, je n'ai pas encore assisté à un mouvement unanime du milieu pour réclamer le sauvetage de l'AQT. À ma connaissance, aucune Lorraine Pintal, Marie-Thérèse Fortin ou Ginette Noiseux ne s'est adressée au public de son théâtre pour faire valoir la nécessité de sauver les Masques.

Les Masques ont souvent été de formidables tremplins pour le théâtre québécois. Ils ont fait sortir de la confidentialité des bijoux comme King Dave. Ils ont révélé des compagnies comme Théâtre I.N.K., et confirmé le talent des Claude Poissant ou Jean Marc Dalpé.

Mais la lourdeur de son fonctionnement a fini par couler le bateau. Compliqué, en effet, de constituer un jury compétent, impartial et disponible, pour couvrir la totalité de l'activité théâtrale québécoise, de Hull à Carleton-sur-Mer. Sans parler du fait que les Masques n'ont jamais vraiment trouvé leur public à la télé. Comme si le carcan du petit écran était tout simplement incompatible avec l'art vivant.

Mais pour en revenir au CQT et aux suites des états généraux, Martin Faucher a expliqué que, tout comme en 1982, cette consultation a fait naître une nouvelle solidarité entre des artistes qui évoluaient chacun dans leur microcosme. Après la course au box-office et la nécessité de performer, le milieu se serre à nouveau les coudes, a déclaré Faucher, qui a donné en exemple les manifestations de cet automne contre l'abolition des programmes Prom-Art et Routes commerciales.

Si les Masques doivent revivre ou être remplacés par une nouvelle fête du théâtre, ce sera grâce à cette nouvelle solidarité. À suivre...

Oups...

Il y a deux semaines, j'évoquais dans cette chronique l'avenir incertain de plusieurs compagnies québécoises qui vivent de la tournée, citant notamment en exemple le Cirque Éloize qui faisait face à des pertes de 700 000$ compromettant 30 représentations à venir.

Or, le Cirque Éloize m'a très gentiment informée que j'étais dans le champ. Que les 700 000$ en question s'approchent plutôt de la somme dont il a bénéficié au cours des sept dernières années, par le biais de Prom'Art. Et que même s'il déplore les conséquences à anticiper des coupes, Éloize n'a annulé aucune de ses représentations à venir.

Désolée.