Je n'ai jamais trop de mal à convaincre des amis de m'accompagner au théâtre. Par exemple, j'ai une copine adorable (et d'un enthousiasme redoutable) toujours partante pour une matinée sur le thème du changement hormonal à l'adolescence chez Denise-Pelletier.

La vie m'a aussi fait grâce de plusieurs potes aux goûts éclectiques, qui savent tout autant apprécier une soirée au Rideau Vert qu'un truc expérimental dans une ancienne manufacture. Mes amis sont d'une loyauté en béton armé: l'un d'entre eux me parle encore après avoir assisté à l'imbuvable solo d'une actrice qui, pendant deux heures et demie, criait son mal-être de superwoman contemporaine dans un café-spectacle du Plateau.

 

Mais mardi dernier, j'ai ressenti un grand vide autour de moi, en partant à la recherche d'une date pour une soirée aux Rencontres internationales du mime. «J'peux pas, je suis déjà en pyjama», m'a répondu une amie qui, au moins, a eu la délicatesse de me rappeler.

Je me suis dit que c'était la faute de l'émission Tout sur moi et de l'hilarant épisode du Porn mime, où le trio infernal Limonchik-Bernier-Blais se payait la tête des héritiers de Marcel Marceau.

Mal aimé et incompris, le mime?

Tant pis pour la gueule de tous ceux qui ont décliné mon invitation pour les Rencontres internationales du mime: j'y ai vu deux spectacles absolument charmants. Le premier, De la terre au visage, était une installation performative absolument captivante. Dans une grande boîte pourvue d'un écran et d'une «fenêtre», les spectateurs assistaient aux mouvements lents d'un corps pris entre l'agonie du mourant et la gestation du foetus. Une oeuvre de la mime Sylvie Chartrand qui, m'a informé Jean Asselin (le directeur de l'école de mime Omnibus), sera reprise dans plusieurs villes européennes.

Dans la grande salle d'Espace Libre, j'ai ensuite assisté à Des mots derrière la vitre, de la compagnie française Escale théâtre corps acteur. Il y avait une crieuse de slogans habillée comme une poupée, qui déclamait ses messages de façon clownesque - oui, les mimes d'aujourd'hui parlent - avec les deux pieds collés au sol.

Une folle et frénétique adepte de gym a fait la liste des activités auxquelles elle s'est adonnée pour trouver le sens de sa vie - taï chi, yoga, lecture des poètes soufis, et tutti quanti - en exécutant toutes sortes de contorsions. Il a été question de faim dans le monde, d'amour, de surconsommation... Le geste était impeccablement maîtrisé et on a pris plaisir à suivre les complaintes et quêtes de ces mimes nouveau genre.

Il reste encore quelques jours pour profiter des Rencontres internationales du mime (l'événement prend fin le 11 octobre) et j'espère avoir le temps d'y aller une deuxième fois. Pour voir Intérieur nuit, un solo du Français Jean-Baptiste André, où le cirque rencontre le jeu, la danse et les technologies numériques. Et attraper avant qu'il ne soit trop tard Le Roxy horreur show, «chaos corporel et mental» signé Roxane Chamberland.

On n'a plus les mimes qu'on avait. Marcel Marceau peut reposer en paix.