Ce sont les vrais fans de la comédie musicale Don Juan, écrite par le Français Félix Gray, mais créée, mise en scène et interprétée par des Québécois, qui apprécieront le DVD de ce spectacle musical oscillant entre pop légère et flamenco. Ça tombe bien, il doit y en avoir pas mal, de fans, sur les quelque 500 000 personnes qui ont assisté à l'une ou l'autre des 400 représentations de ce spectacle musical au cours de 2006. Mais ceux qui ne sont pas fans ou qui n'ont pas vu le spectacle?

Eh bien, ils remarqueront les mêmes forces et les mêmes faiblesses que sur scène. Du côté des forces, les chorégraphies des talentueux Madrilènes Angel Rojas et Carlos Rodriguez (mais moins impressionnantes que lors des représentations, à cause de la vision plus restrictive d'une caméra de télévision), l'énergie folle et la beauté des danseurs, la force des seconds rôles - particulièrement Mario Pelchat, vraiment très fort et très en voix dans son rôle du fidèle ami de Don Juan -, certains segments de la mise en scène de Gilles Maheu (dont la scène de bataille à la fois épurée et poignante qui clôt le premier acte), la chanson Vivir chantée en espagnol par Chico Castillo et en fait toutes les chansons à saveur hispanisante comme Du plaisir...

 

Certaines forces de la production sont hélas devenues des faiblesses en passant au petit écran: parce que s'il s'agit de représentations filmées devant public, les éclairages et les maquillages de scène semblent outranciers - disons que Marie-Ève Janvier ne doit pas être heureuse des taches bleues qui parsèment son visage pendant Don Juan est mort.

Quant aux faiblesses, elles sont évidemment elles aussi grossies par la caméra: le ridicule de la statue du commandeur en projection géante (on dirait une de ces gigantesques mascottes gonflables utilisées par les concessionnaires automobiles...), certains numéros très statiques (Aimer, Mon nom) qui semblent mis en scène par quelqu'un d'autre que Maheu, les limites d'expressivité de Jean-François Breau en Don Juan trop unidimensionnel, les chansons pop ultra prévisibles (Changer, Je meurs d'amour, etc.)... Même les fans trouveront que le générique d'ouverture est assez pochtron. Mais ça ne les empêchera pas de chanter «pour que l'amour s'étende/Des forêts de Shanghai à l'Irlande».

Artistes variés, Don Juan, Musik2Musik/Select

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