Oui, il a plu, hier soir, pendant le concert symphonique mettant en vedette Michel Rivard et l'Orchestre symphonique de Montréal sur la grande scène extérieure des FrancoFolies. Une petite pluie fine, qui n'avait heureusement rien à voir avec l'orage tombé en début de soirée. «On s'excuse pour ces quelques gouttes, a dit d'emblée l'hôte de la soirée, ça devrait s'arrêter bientôt.»

Ç'a duré un peu. Pendant les cinq premières chansons - environ la première demi-heure du spectacle. Le pire, ce n'était pas de devoir endurer la pluie, mais de devoir écouter ce concert symphonique, dirigé par le chef Jean-François Rivest, avec un capuchon sur la tête. Disons que ce n'est pas l'idéal pour goûter le corps et l'amplitude sonore d'un orchestre symphonique...

Rivard avait précisé que l'OSM allait être exploité à fond lors de ce concert et qu'il ne servirait pas juste à grossir les traits de ses chansons. On a saisi dès le début du concert qu'on aurait affaire à une véritable réinvention. L'arrangeur Blair Thompson a en effet pratiquement réécrit les chansons, en ce sens qu'il en a gardé les thèmes et certains fragments de mélodie pour en faire de véritables pièces symphoniques. Rivard, seul devant tout l'orchestre, et le plus souvent sans guitare, en a profité lui aussi pour transformer sa propre approche vocale.

Les chansons étaient reconnaissables... mais différentes. Comme La lune d'automne, dépouillée de sa guitare à la fois rythmique et mélodique pour devenir plus dramatique que fluide. Comme Tout simplement jaloux, où le ton crooner de Rivard se frottait à un univers de music-hall un brin jazzy. Ou encore Un trou dans les nuages, toujours trouble, mais aussi ludique avec ce piano malicieux, d'ailleurs touché par Blair Thompson lui-même.

La sensibilité et toutes les nuances de l'orchestre ont par ailleurs magnifiquement servi des chansons plus graves et plus intimes comme Tu peux dormir et L'oubli, deux des morceaux parmi les plus réussis du concert. Sur Martin de la chasse-galerie, c'était l'inverse et c'était tout aussi réussi: sous l'impulsion du chef Jean-François Rivest, les violons et les percussions se sont faits nerveux et dynamiques. On oserait presque dire que ça swinguait en diable!

Rivard a connu de petits ennuis de voix (durant L'oubli, notamment) et il a eu un trou de mémoire au début de... Un trou dans les nuages, mais il a toujours parlé d'égal à égal avec l'orchestre. Entre le chef d'orchestre et lui, le courant - c'est-à-dire la musique - passait. La foule courageuse - et assez nombreuse dans les circonstances - a manifesté plusieurs fois son bonheur d'assister à un ce beau moment de musique, sous un ciel aussi gris que dans Martin de la chasse-galerie.