Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Gilles Renaud dans une pièce de Wajdi Mouawad à Paris

Au printemps, Gilles Renaud partira à la conquête de Paris! En mai et juin prochains, le comédien défendra la nouvelle pièce mise en scène par Wajdi Mouawad, Fauves, au Théâtre de la Colline, l'une des plus importantes scènes nationales en France.

L'ex-interprète de Jacques Berthier dans Mémoires vives, immense acteur qui a triomphé l'automne dernier dans Bonjour, là, bonjour de Michel Tremblay, s'installera à Paris en février, «pour au moins quatre mois», a-t-il confié à La Presse. «J'ai hâte de partir, dit-il. Je vais répéter trois mois avec 11 autres interprètes d'origines et de cultures diverses. Parmi eux, il y a un autre Québécois, le comédien Hugues Frenette. La première a lieu le 9 mai et on termine à la fin juin.»

Rappelons qu'au début des années 90, Gilles Renaud a enseigné au créateur d'Incendies, à l'École nationale de théâtre du Canada. En 1997, le professeur avait été de la création de la pièce de son ex-étudiant en jeu, Littoral, pour le Théâtre Ô Parleur à Montréal. Comme quoi Wajdi Mouawad n'oublie pas ses amis québécois...

En plus de 50 ans de carrière, c'est la première fois que ce vétéran des planches participe à une création dans la Ville Lumière. En 1979, M. Renaud avait joué à Paris (et ailleurs en Europe), mais dans la tournée de la production québécoise À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, avec Rita Lafontaine, Monique Mercure et Sophie Clément.

Outre Fauves, Mouawad prépare un autre projet théâtral, en duo avec le musicien Arthur H. Le spectacle a pour titre Mort prématurée d'un chanteur populaire dans la force de l'âge. Il sera créé à la mi-novembre, également à La Colline. Le site du théâtre parle d'une tragicomédie sur un interprète «au seuil de la cinquantaine, apprécié du public et des médias, respecté du milieu de la chanson, mais qui tente de ne pas sombrer dans l'amertume». Arthur H. (Higelin) signe la musique. Il sera sur scène avec la Québécoise Marie-Josée Bastien, ainsi que Gilles David, Jocelyn Lagarrigue, Patrick Le Mauff et Sara Llorca.

On a vu: La Queens': un drame en surface

Il y avait beaucoup de potentiel avec la nouvelle pièce de Jean-Marc Dalpé, La Queens', à l'affiche à La Licorne. Et pas seulement parce que la réalité des francophones hors Québec refait surface dans l'actualité. Malheureusement, le dramaturge effleure trop de thèmes, sans en approfondir aucun; et il passe à côté de son drame.

La scène se passe l'hiver, dans un bled perdu et polaire, au bord d'une route du nord de l'Ontario, près de Timmins. La mère de Sophie (Dominique Quesnel, extraordinaire!), tenancière de La Queens, vient de mourir. Elle laisse son «motel-hôtel», fleuron de la région, à ses deux filles en parts égales. Si Sophie veut conserver La Queens, sa soeur veut vendre au plus vite son héritage. Comment régler ce dilemme cornélien?

Entre la tenancière de l'hôtel et la pianiste de concert qui fait une carrière internationale (Marie-Thérèse Fortin, pas assez utilisée), il y a un tel fossé (culturel, social) que ces deux femmes semblent nées sur deux planètes différentes. L'autre hic, c'est qu'elles ne se croisent jamais dans la pièce afin de crever l'abcès familial. La pianiste a dépêché sa fille (Alice Pascual, peu convaincante) et les personnages ne se parleront... qu'au téléphone. Si encore les rôles secondaires étaient crédibles, on pourrait pardonner cette absence de confrontation et les carences du texte et de la mise en scène. La pièce vaut le détour pour la performance de Quesnel et de Fortin, deux actrices d'exception.

À La Licorne, jusqu'au 23 février.

Photo fournie par la production

La Queens'

Improvisation théâtrale: Dalpé à l'honneur

Jean-Marc Dalpé sera à l'honneur des soirées d'improvisation de La Licorne autour d'un dramaturge maison. Après Catherine Léger et Fabien Cloutier l'automne dernier, ce sera au tour de Dalpé de faire l'objet d'une soirée Dans la tête de... Le maître de jeu Simon Boudreault et les acteurs-improvisateurs (Marie-Josée Bastien, Sophie Cadieux, Nicolas Michon, Jean-François Nadeau et Luc Senay) doivent lire trois oeuvres de Dalpé afin de s'imprégner de l'univers de l'auteur de Trick or Treat. François Archambault, Pierre-Michel Tremblay et Jean-Philippe Lehoux sont les prochains auteurs qui seront en vedette.

À La Licorne, le 4 février à 19 h.

Photo André Pichette, archives La Presse

Jean-Marc Dalpé

Danse: Souffle brésilien

Pas le choix de dégourdir corps et esprit devant le souffle contagieux de Grupo Corpo, la troupe de danse emblématique du Brésil (22 danseurs), fondée il y a déjà 40 ans, qui passe par Montréal à l'invitation de Danse Danse. Corps ondulatoires, exubérance, flot ininterrompu de mouvements, affirmation d'une identité aborigène et de la diversité qui tisse ce pays qu'est le Brésil seront au rendez-vous dans ce programme double, Bach et Gira. La première pièce, qui a triomphé lors de sa création, visite l'univers baroque du compositeur, alors que la seconde s'inspire de rituels afro-brésiliens - notamment les rites de la religion umbanda - sur fond de musique fusion. De quoi faire fondre un peu la neige.

Du 23 au 26 janvier, au Théâtre Maisonneuve. La compagnie reviendra ensuite au Québec, après un détour par Brooklyn, le 5 février au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke.

photo José Luiz Pederneiras, fournie par la production

Bach du chorégraphe Rodrigo Pederneiras par la compagnie Grupo Corpo

De Québec: Basse-Ville

Dirigé par l'auteur et metteur en scène Thomas Gionet-Lavigne, le Théâtre Hareng rouge, fondé en 2007, propose des spectacles de création «sans compromis». La compagnie de Québec présente sa nouvelle création à La Petite Licorne, et les billets s'envolent. Basse-Ville réunit sur scène Charlotte Aubin, Jean-Denis Beaudoin et Katrine Duhaime. La pièce raconte une journée dans la vie de trois personnes dans la vingtaine qui habitent la Basse-Ville de Québec. Pour son texte, Thomas Gionet-Lavigne a été nommé au prix Gratien-Gélinas, en 2016.

À La Petite Licorne, du 28 janvier au 15 février.

Le chiffre de la semaine: 20 000

La pièce Consentement carbure chez Duceppe. Hier, la compagnie a annoncé que plus de 20 000 spectateurs avaient assisté à l'une des représentations de la pièce, qui a pris l'affiche à la mi-décembre. On a ajouté une supplémentaire le 31 janvier.

Aussi à l'affiche

Coriolan, de William Shakespeare. Mise en scène de Robert Lepage. Au Théâtre du Nouveau Monde, jusqu'au 17 février.

Les Coleman-Millaire-Fortin-Campbell,  de Claudio Tolcachir. Adaptation de Catherine Beauchemin, mise en scène de Louis-Karl Tremblay. À la salle Fred-Barry, jusqu'au 9 février.

True Crime, de Torquil Campbell et Chris Abraham, en collaboration avec le guitariste Julian Brown. Au Centaur, jusqu'au 27 janvier.

Électre, de Sophocle. Texte français d'Evelyne de la Chenelière, mise en scène de Serge Denoncourt. À Espace Go, jusqu'au 17 février.

ColoniséEs, d'Annick Lefevbre. Mise en scène de René Richard Cyr. Au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 16 février.

Noir, de Jérémie Niel, Evelyne de la Chenelière, Christian Bégin et Justin Laramée. Mise en scène de Jérémie Niel. Au Théâtre de Quat'Sous, jusqu'au 9 février.

photo fournie par la production

Basse-Ville avec Jean-Denis Beaudoin, Charlotte Aubin et Katrine Duhaime