Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Olivier Morin.

Avec sa troupe le Théâtre du futur, l'auteur et comédien Olivier Morin prépare une nouvelle pièce sur le clonage pour le début de 2019. L'artiste futurologistiquement branché anime aussi à la télé Champion du monde, une émission sur des disciplines sportives dont 90 % des gens dans l'univers ignorent l'existence.

La nostalgie 

Pour

«Pour, parce que c'est un refuge, que ça fait du bien. En vieillissant, on peut vivre dans cette consolation des beaux souvenirs. C'est un espace de chaleur et bienveillant. On ne peut pas s'en priver. Contre, parce qu'on ne peut pas vivre là-dedans. C'est très pernicieux de toujours imaginer que c'était mieux avant. On ne peut pas demander aux jeunes d'aujourd'hui d'avoir envie de vivre des affaires qu'ils n'ont même pas connues. Il y a aussi le danger de devenir un vieux con.»

Le clonage

Pour

«Ça peut permettre de se voir dans le futur. Si on avait la possibilité de faire un vrai beau clonage. Avant d'arriver à Dolly, on a fait pas mal de steak haché. Le clone est triste est le titre de notre prochaine comédie. Les gens pourraient avoir des enfants, par exemple, identiques à eux. On l'aborde du côté de la filiation, de la passation. C'est super intéressant quand on se pose la question de ce qu'on veut laisser comme traces, de la façon avec laquelle on veut se projeter dans l'avenir.» 

Faire l'amour avec un robot

Pour

«Il y a tellement de solitude. Il faut faire un choix. Soit tout le monde a son robot sexuel et les gens sont apaisés, soit, en société, on fait le choix de refaire une révolution sexuelle. Par rapport aux années 60 et au tout-le-monde-tout-nu-dans-un-retour-à-la-terre, on a quand même tous besoin de chaleur et de sexualité. Pourquoi pas les robots? À moins que ça fasse de nous des psychopathes ou des prédateurs sexuels.»

Abolir la mort

Contre 

«Non, merci. On a envie de vivre plus longtemps et de connaître le futur, mais si on abolit la mort, on abolit aussi l'urgence de faire des choses, de faire des gestes. On pourrait être dans un limbo politique en procrastinant et en se disant qu'on fera les choses plus tard. C'est important d'avoir quelque chose comme la mort au-dessus de nos têtes. C'est ce qui fait en sorte qu'on évolue. On serait assez vedge si on était éternels. On antagoniserait encore plus la vieillesse.» 

Écrire une pièce sur le passé

Pour

«Dans Le clone est triste, on aborde cette question. C'est un show ouvertement âgiste. S'il y a des gens qui veulent se cloner, ce sont les baby-boomers, pour vivre le grand rêve de ce qui dure toujours. Forcément, le spectacle examine l'héritage des boomers, mais aussi des X et des milléniaux. On ne donne pas seulement un coup de marteau sur nos parents, mais sur toutes les générations.»

L'intelligence artificielle 

Pour

«L'internet, c'est quand même une grande bibliothèque ouverte. La curiosité, la jeunesse et l'intelligence trouvent leur chemin. Il faut avoir confiance. Les robots intelligents ne seront jamais décisionnels. Ils resteront organisationnels. C'est une autre sorte d'intelligence. Si on peut avoir des voitures qui roulent seules, on n'aura pas besoin de nouvelles routes et on règle les problèmes de trafic et d'accidents. Laissons la chance aux robots.»