Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Patrice Dubois.

Après une tournée au Québec, Patrice Dubois reprend sa pièce Le déclin de l'empire américain, d'après Denys Arcand, à l'Espace Go jusqu'au 27 octobre. Il l'a coécrite avec Alain Farah, mise en scène et y interprète un personnage. En février prochain, il mettra aussi en scène une coproduction Écosse-Québec au Quat'Sous, Première neige. Sinon, on peut entendre sa voix dans plusieurs doublages, notamment dans le rôle de Flash McQueen dans le film à grand succès Les bagnoles.

Plus de tournées théâtrales au Québec

Pour

«Moi, quand j'arrive dans une ville en tournée, j'ai l'impression de faire mon métier réellement. On rencontre un public qui ne va pas au théâtre tous les soirs nécessairement, un public pour qui on est un élément de différence en matière d'offre culturelle. On découvre un public chaque soir et on est obligés de s'adapter. J'aime apprendre sur comment vivent les gens, que ce soit à Val-d'Or ou à Chicoutimi. Il y a des salles fantastiques. Ça aide à nous sortir de l'ethnocentrisme culturel montréalais.»

Un rôle récurrent à la télé

Pour

«Absolument. Je suis un gars de projets. J'aime entreprendre des projets et embarquer dans ceux des autres. J'ai eu des rôles récurrents pendant une quinzaine d'années à la télé. Quelqu'un a un scénario, une idée, une vision et j'embarque tout à fait là-dedans. Les conditions de tournage sont difficiles à la télé, mais j'aime travailler en groupe, être actif, entrer réellement en dialogue avec mes pairs. Il se fait de la super belle télé. Je n'en ferais pas n'importe comment, mais je m'y implique entièrement.»

La critique du Déclin sur scène

Contre

«Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que notre version n'a pas assez pris ses distances du film. Je réécoute le texte chaque fois qu'on le joue. Il est rempli à ras bord d'interventions de la part d'Alain Farah et moi qui sont, à mon avis, très justes par rapport à notre regard sur les quarantenaires de maintenant. Je trouve que la façon dont on le joue est d'une grande modernité. Les corps ne sont pas les mêmes, ils sont très libres. On a eu ces échos-là en tournée de la part des spectateurs. La pièce rejoint la réalité profonde des gens.»

Une nouvelle politique du doublage

Pour

«J'en fais depuis 1999-2000. Mon gros succès des dernières années, c'est Flash McQueen dans Les bagnoles. Si tu as des enfants, tu l'as écouté 125 fois. Je suis assigné à des acteurs comme Michael Fassbender et Mark Wahlberg. Le doublage reste un combat continuel. Il y a eu certaines décisions politiques qui ont été prises. L'un des grands combats maintenant, ce sont les séries américaines doublées en France. C'est un gros marché. On en a très peu ici et la politique actuelle ne comprend pas les séries télé. C'est un bon gagne-pain tout aussi passionnant comme métier.»

Un théâtre de son temps

Pour

«Au-delà de la controverse Slāv et Kanata, je suis pour un théâtre qui assume d'être le reflet de la société dans laquelle il s'inscrit et du spectateur assis dans la salle. J'arrive d'Écosse où j'ai fait un réel échange culturel pendant quatre ans. On doit trouver des terrains d'entente en raison de leur langue, leur histoire et les nôtres, différentes. Ça demande de modifier nos propres codes pour qu'une oeuvre d'art puisse émerger. Travailler isolément de sa société, c'est plus facile. Quand tu veux t'inscrire dans ton époque, tu dois te soumettre à de nouvelles façons de travailler, entrer réellement en dialogue. Ça prend du temps et plus de travail, mais ce qui va en sortir va être excessivement enrichi. Le piège, c'est de travailler en surface.»

Parler d'indépendance

Pour

«Avec Première neige qui sera présentée en février au Quat'Sous, on a réalisé une coproduction avec le National Theatre of Scotland qu'on a jouée à Édimbourg. On a fait un voyage ensemble. On aborde la question de l'indépendance individuelle, politique et sociale. Ils ne parlent pas de souveraineté puisque pour eux, c'est la reine d'Angleterre. Il fallait déjà s'entendre sur ce dont on parlait. On a presque évacué notamment la question du nationalisme comme tel. Il y a plein de ressemblances, mais aussi de dissemblances entre nous. C'est une très belle aventure.»