Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Jean-Philippe Joubert et la crise de 2008

Trois pièces traitent de la crise financière de 2008 sur les planches de Québec et de Montréal cet automne. La première présentée à Montréal nous vient de Québec. L'art de la chute a fait l'objet d'une écriture collective, mais le propos est on ne peut plus clair. Malgré les apparences, le monde de l'art contemporain ne fait pas naturellement bon ménage avec celui des affaires. «C'est un sujet complexe, alors on a fait une recherche documentaire et on a travaillé en équipes de scénarisation. Ça commence au CALQ et on voyage à Londres et à New York pour essayer de livrer un bout de compréhension au public», dit le coauteur et metteur en scène Jean-Philippe Joubert.  Dans cette intrigue, la carrière de l'artiste québécoise Alice monte en flèche, alors que sa grande amie perd son emploi lors de la faillite de la banque privée Lehman Brothers. L'une et l'autre seront englouties dans les mois qui suivent l'électrochoc. «Je voulais faire un show sur l'économie qui mène nos vies, dit-il. Mais on n'en parle pas si souvent de front au théâtre. En route, on a vu les mécanismes de valorisation de l'art contemporain, de la spéculation et des collectionneurs. La crise de 2008 est devenue le mythe fondateur de la finance contemporaine. Tout y est accroché. Où est la poudrière pour une nouvelle crise?» Et surtout: comment tomber pour ne pas trop se faire mal et se relever par la suite? Mais les artisans de la pièce n'ont pas voulu diaboliser Wall Street. «Je ne serais pas capable de trancher dans cette histoire, conclut le metteur en scène. Les traders ne sont pas tous des fraudeurs immoraux. Certains font des millions, mais ont aussi des activités caritatives. On ne voulait pas montrer un monde tout noir ou tout blanc.» 

L'art de la chute est présentée à la Grande Licorne jusqu'au 29 septembre.



Coup de coeur: Thibault Vinçon

Dans Écoutez nos défaites END, la langue de Laurent Gaudé est percutante, presque épique. Son message sur la violence de la guerre et l'orgueil de ceux qui la font, direct et limpide. Et si le récit fait penser au Coeur des ténèbres de Conrad ou à Apocalypse Now de Coppola, la vision est beaucoup plus large, chevauchant les époques, puisque la même défaite et l'horreur suivent chaque victoire. D'abord en vidéo, puis en direct sur scène, l'acteur français Thierry Vinçon est renversant, époustouflant malgré un dispositif scénique un peu froid. Son interprétation laisse dans l'ombre son compagnon de jeu Gabriel Arcand, qui n'était pas au meilleur de sa forme lors de la première médiatique.

Écoutez nos défaites END est présentée au Prospero jusqu'au 22 septembre.

Danse: Eve 2050

Le deuxième volet de l'installation/performance Eve 2050, de la chorégraphe Isabelle Van Grimde (le premier volet étant une websérie diffusée le printemps dernier) consiste en une installation de panneaux interactifs dévoilant les multiples visages d'Eve. Le public peut circuler dans l'installation, où il sera ensuite rejoint par des danseurs pour la partie performance. Alliant danse et science-fiction, la chorégraphe se questionne dans ce triptyque sur ce que deviendra le corps du futur. 

Eve 2050 est présentée du 19 au 22 septembre à l'Agora de la danse.

Gratuit: Figurative

Kihako Narisawa et Sonoko Kamimura sont en résidence à Circuit-Est du 1er août au 21 septembre 2018 pour développer Figurative. Au même moment, les artistes québécois Gerard Reyes et Andréane Leclerc sont à la fabrik Potsdam, en Allemagne, pour une résidence de deux mois. Ces séjours sont réalisés en collaboration avec le Goethe-Institut Montréal, la fabrik Potsdam et le Conseil des arts et des lettres du Québec.

Figurative est présentée gratuitement le 20 septembre au Studio Jeanne-Renaud de Circuit-Est.

Photo Nicolas Descôteaux, fournie par le Prospero

Écoutez nos défaites END 

Aussi à l'affiche

> Golgotha Picnic de Rodrigo García, adaptation et mise en scène d'Angela Konrad. À l'Usine C jusqu'au 29 septembre.

> Les barbelés d'Annick Lefebvre, mise en scène d'Alexia Bürger. Au Quat'sous jusqu'au 28 septembre.

> Oslo de J.T. Rogers, traduction de David Laurin, mise en scène d'Édith Patenaude. Chez Duceppe jusqu'au 13 octobre.

> Le reste vous le connaissez par le cinéma de Martin Crimp, adaptation et mise en scène de Christian Lapointe. À Espace Go jusqu'au 6 octobre.

> Candide ou l'optimisme de Pierre-Yves Lemieux, d'après Voltaire, mise en scène d'Alice Ronfard. Au TNM jusqu'au 6 octobre.

> Je cherche une maison qui vous ressemble de Marie-Christine Lê-Huu, mise en scène de Benoît Vermeulen. À la salle Fred-Barry jusqu'au 29 septembre.

> Chroniques d'un coeur vintage (les mots des autres) - en supplémentaires - d'Émilie Bibeau, mise en scène de Sophie Cadieux. À la Petite Licorne jusqu'au 21 septembre.

Photo Yves Renaud, fournie par le Théâtre du Nouveau Monde

Benoît Drouin-Germain et Larissa Corriveau dans la pièce Candide ou l'optimisme, présentée au Théâtre du Nouveau Monde