Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Martin Drainville.

Martin Drainville joue jusqu'au 18 août avec ses amis Benoît Brière et Luc Guérin la pièce Pierre, Jean, Jacques de Ray et Michael Cooney au Théâtre du Vieux-Terrebonne. Cet acteur chevronné, qui a causé une agréable surprise dans un rôle tragique cette année (Les Harding au Théâtre d'Aujourd'hui), sera de retour sur les planches en janvier au Rideau Vert dans Art de Yasmina Reza.

Travailler avec ses amis

Pour

«Ça aide dans le processus de travail. Quand on fait de la comédie, il faut accepter d'exposer son ridicule, ses propositions boiteuses, et c'est plus facile avec des gens pour qui tu éprouves de l'admiration, de l'amitié. C'est une question de confiance et on gagne du temps. Avec des gens qu'on connaît moins, il y a une certaine pudeur. C'est comme un trio de hockey. On sait où l'autre se trouve et où il veut recevoir la rondelle. Pour faire rire les gens, il faut les déjouer. La comédie, ce n'est pas du rythme, c'est de l'arythmie.»

Jouer et mettre en scène la même pièce

Pour

«On le fait de temps en temps. Parfois, ce qui manque en comédie, c'est de faire de la table, plus de lectures. Il ne s'agit pas seulement d'être drôle. Il faut que les gens croient aux motivations des personnages. Cette année, notre histoire tourne autour d'une adoption d'enfant. Les personnages, même les rôles secondaires, peuvent vivre des drames intérieurs, même si on ne les voit pas. Il faut être vrai, creuser le personnage. Ça se fait avant les répétitions avec le metteur en scène.»

Du théâtre de création présenté l'été

Pour

«On faisait ça quand on était à Kingsey Falls. On passait des commandes d'écriture. Ça exige de commencer le processus de création beaucoup plus tôt. Parfois, on lançait la discussion un an avant. C'est une pression énorme. En fait, on ne peut pas être meilleurs que le texte. Sinon, ça part bien mal et les acteurs tentent de sauver leur peau tout simplement. Mais c'est quelque chose qu'il faut encourager. C'est une question de bien prévoir les choses. Au Vieux-Terrebonne, on est déjà dans l'an prochain.»

Un retour à l'improvisation

Pour et contre

«Je ne suis pas sûr que ça marcherait. Le style d'impro que j'aimais faire prenait environ huit minutes. Maintenant, les séquences durent davantage de trois à quatre minutes. Je dois beaucoup à l'impro, c'est mon accident de parcours. J'étais en sciences pures, mais c'est l'impro qui m'a révélé quelque chose qui était en moi que je ne savais pas. Ce serait peut-être difficile de recommencer. En huit minutes, j'aimais ça parce qu'on se mettait en danger en jouant. On se surprenait à être dans une zone inconnue et, là, c'est le subconscient qui improvise. C'est magique!»

L'opinion de Yasmina Reza à propos de sa pièce Art: «C'est une pièce sur la brisure d'une amitié»

Pour

«Je suis totalement d'accord. C'est une pièce très intelligente. J'ai bien hâte de la jouer. L'amitié est basée sur des zones où l'on ne va pas. Malgré des défauts ou des côtés sombres, on aime l'autre. Art, c'est ça, une amitié qui décide ou non de reconduire ses voeux. Dans la pièce, les trois amis [Benoît Brière, Luc Guérin et lui] discutent de l'achat d'un tableau blanc payé très cher, ce qui remet en question leur amitié. Ça ressemble à notre dynamique des trois gars ensemble.»

Engager des humoristes comme acteurs pour leur notoriété

Contre

«Je suis contre si le seul facteur qui a servi à prendre la décision, c'est la notoriété. Ça n'empêche pas que des humoristes aient du talent. C'est possible que les humoristes soient extraordinaires, ce n'est pas le problème. Mais à l'ère des cotes d'écoute, on pense qu'il s'agit d'une recette de succès. Dans les plus grandes performances au cinéma que j'ai vues de quelqu'un qui n'était pas un acteur, c'est Jean Lapointe. Sans outil pour faire semblant, il était vrai dans Les ordres comme dans Duplessis