La Presse a rencontré quatre élèves qui ont assisté cette semaine à une représentation de la pièce de Shakespeare Le songe d'une nuit d'été au Théâtre Denise-Pelletier. Avant et après la pièce, ils nous ont parlé de leurs attentes et nous ont fait part de leurs critiques.

PRÉAMBULE

Sélectionnés par le Théâtre Denise-Pelletier en collaboration avec les écoles et les enseignants, les quatre élèves sont : 

Amin Zarour, 17 ans, terminale (équivalent du collégial au collège Stanislas) ;

Maïssa Bessaa, 17 ans, 5e secondaire (Écoles musulmanes de Montréal) ;

Marianne Lapierre, 15 ans, 3e secondaire (collège Beaubois de Pierrefonds) ;

Gabriel Antoine Kachiche, 15 ans, 3e secondaire (collège Beaubois de Pierrefonds).

PREMIER ACTE

Les élèves rencontrés se disent tous attirés par le théâtre et les arts. Ils ont assisté au Songe par choix et non par obligation.

« J'aime tout ce qui a rapport aux arts, confie Maïssa. Ici [au Théâtre Denise-Pelletier], j'ai vu Sherlock Holmes et L'avare, entre autres. J'ai déjà fait une publicité télé quand j'étais petite. »

Amin, lui, dit éprouver une réelle passion pour le théâtre. « J'ai toujours suivi des cours de théâtre. J'aime vraiment ça, que ce soit comique, tragique, le jeu d'acteurs... »

Marianne baigne dans la culture à la maison. « Mes parents aiment beaucoup aller au théâtre. C'est leur sortie en amoureux. Je vois beaucoup de concerts de musique classique aussi. »

De son côté, Gabriel a vu Les misérables à la Place des Arts. « Le théâtre, c'est plus récent pour moi ; je regarde beaucoup de films. Shakespeare n'est sûrement pas connu parce qu'il a écrit de mauvaises pièces. »

DEUXIÈME ACTE

Tous les élèves ont été préparés en vue du spectacle. Certains avaient lu la pièce de Shakespeare, d'autres non. Parmi les autres éléments de préparation : une trousse de médiation culturelle, un extrait joué par les élèves, un atelier au Théâtre Denise-Pelletier, l'accès à une répétition, une présentation de l'enseignant qui avait vu la pièce auparavant, etc.

« Quand Shakespeare a écrit ses pièces, il le faisait pour que ça dure toujours, lance Amin. C'est une adaptation modernisée qu'on va voir, mais la pièce a gardé ses personnages et ses racines. J'ai lu la pièce en anglais en secondaire 4 et je l'ai détestée. Je l'ai trouvée ennuyante. Ensuite, je l'ai vue et je l'ai aimée grâce aux acteurs. »

Maïssa précise que la pièce « a été écrite en 1594 et 1595 ». « Je m'attends à ce que le décor soit un peu antique, qu'on y retrouve quelque chose de grec. Je ne lis pas les critiques avant parce que je veux me faire ma propre idée. J'avais aimé L'avare ici et je crois que ça va ressembler un peu à ça. »

Pour sa part, Gabriel avoue qu'il n'est pas un « grand fan » de comédie. « Ce qui sera intéressant, c'est de voir l'adaptation qu'ils en ont faite puisque le public est différent de celui d'il y a 400 ans. »

« J'ai beaucoup d'attentes envers les costumes et le jeu d'acteurs parce qu'ils ont situé la pièce à Hollywood, ajoute Marianne. Les acteurs font le succès d'une pièce. J'aime comparer les critiques avec ce que moi, je pense. »

ENTRACTE

Assister à un spectacle au Théâtre Denise-Pelletier avec des centaines d'adolescents est une expérience que tout amateur de théâtre devrait vivre au moins une fois. Pendant un drame vu récemment, comme Hurlevents de Fanny Britt, les jeunes étaient concentrés, silencieux. La représentation du Songe donnait lieu à des réactions très différentes : les oh ! et les ah ! répondaient aux passages plus osés du texte, les sifflements et les applaudissements se multipliaient à d'autres moments. Certains passages devaient même être repris par les acteurs qui attendaient le retour du calme dans la salle.

TROISIÈME ACTE

Les jeux sont faits. La comédie est terminée, place aux jeunes critiques.

Marianne lance la discussion en disant : « Ç'a été long avant que j'embarque. La comédie n'est pas arrivée assez vite. Les gens autour de moi sentaient la même chose. »

« Je suis un peu d'accord, continue Amin. Mais les acteurs étaient très bons. J'ai beaucoup aimé Olivia Palacci. L'acteur qui a fait Puck [Dany Boudreault] aurait pu explorer d'autres aspects de ce personnage qui va dans tous les sens. »

« Moi, j'ai adoré Puck, réplique Maïssa. Ça m'a étonnée que la pièce soit beaucoup modernisée, mais c'était très bien fait. »

« Les costumes, les éclairages et le jeu étaient super, mais, personnellement, je n'ai pas aimé la pièce, ajoute Gabriel. Je préférais la première partie, plus proche du drame. »

DERNIER ACTE

« À la base, Shakespeare a écrit la pièce pour critiquer l'amour superficiel », rappelle Amin.

« Ce que j'ai trouvé superficiel, parfois, c'est l'humour, coupe Marianne. J'ai préféré le sarcasme d'Helena [Karine Gonthier-Hyndman]. »

Maïssa note ceci  : « Bottom [Jean-Philippe Perras] est davantage présent que je ne le croyais. J'ai aimé cet aspect. »

« Mais il n'est pas assez introduit, ce personnage, croit Amin. Le fait que les fées brisent le quatrième mur, c'était intéressant. »

« C'était confus. Les gens autour de moi ne comprenaient pas, poursuit Gabriel. Ils auraient pu mieux expliquer les personnages. Ils ont trop utilisé le caractère sexuel dans les blagues. Il y a d'autres façons de faire rire le monde. »

« Plusieurs pensaient la même chose autour de moi, ajoute Maïssa. C'était trop. Les décors étaient intelligents, cependant. »

« La confusion dont on parle, je trouve que ça fait partie du texte. La musique est bien utilisée. Les deux étages du décor permettent d'avoir un narrateur, aussi. Quant à la comédie, je crois qu'on peut être comique et rester intelligent », conclut Marianne.

________________________________________________________________

Le songe d'une nuit d'été, au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 18 avril

Photo Bernard Brault, La Presse

Amin Zarour, Maïssa Bessaa, Marianne Lapierre et Gabriel Antoine Kachiche ont assisté à une représentation du Songe d'une nuit d'été au Théâtre Denise-Pelletier. Ils nous donnent leurs impressions.