Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Paul-André Fortier: vieillir, la belle affaire!

Paul-André Fortier a signé une cinquantaine de chorégraphies depuis ses débuts dans les années 70. Mais ne lui demandez pas combien: «Je ne les ai jamais comptées, dit-il. Je m'intéresse à l'oeuvre qui s'en vient, pas à celle qui a déjà été créée.»

Le prochain spectacle, c'est Trois, mosaïque chorégraphique conçue avec un trio d'interprètes trentenaires qu'il connaît bien, puisqu'il leur a déjà enseigné (Karina Champoux, Mark Medrano et Naishi Wang). Avec eux, il a mis en mouvement une pièce qui illustre la relation et la «non-présence» à l'autre, dans un monde où l'individu est beaucoup dans sa bulle.

Fortier est un passeur qui se préoccupe du legs que sa génération va laisser aux futurs danseurs. «Il faut transmettre le savoir, mais aussi le respect du patrimoine et de ce qui a été fait avant.»

Pour le créateur de Bras de plomb et La tentation de la transparence, il y a une poésie dans le vieillissement en art. «Le corps vieillissant est un corps en mutation, comme le corps adolescent qui change aussi. Je me vois d'ailleurs comme un "vieil-dolescent"», dit le danseur qui aura 70 ans l'hiver prochain. Pour l'occasion, Paul-André Fortier exécutera une pièce, Solo 70, au Théâtre National de Chaillot, à Paris, en mai 2018.

Fortier s'aligne pour devenir le Merce Cunningham du Québec.

À l'Agora de la danse, du 22 au 25 novembre.

Coup de coeur: Éric Robidoux dans Sous la nuit solitaire

La prestation d'Éric Robidoux dans Sous la nuit solitaire exulte à la fois la force et la fragilité du corps humain. Dans une scène mémorable de cette pièce très belle mais très sombre (qui évoque le royaume des morts et l'Enfer), l'interprète traverse la scène en rampant, puis dans un état de déséquilibre total, avec des mouvements lourds et douloureux, comme si son corps était saisi d'électrochocs! Les chorégraphies d'Estelle Clareton tracent des lignes horizontales éparses; les sept danseurs bougent souvent en meute, comme une grappe humaine, pour mieux se détacher avec des cris et des hurlements terrifiants. La lumière de Marc Parent change de palette pour appuyer les diverses zones des Cercles de l'Enfer, et la musique d'Éric Forget crée une ambiance étrange et pénétrante. Une pièce dense et courte qui rappelle un peu les créations de Gilles Maheu (Les âmes mortes).

Au Quat'Sous, jusqu'au 2 décembre.

Photo fournie par le Théâtre de Quat’Sous

Éric Robidoux dans Sous la nuit solitaire

Livre: Tremblay, «traductore»

2017 aura été l'année de Michel Tremblay, avec ses nombreux prix, hommages, productions, etc. Or, il y a un aspect de l'écrivain moins connu du public: son travail d'adaptation et de traduction de pièces de théâtre. Pourtant, il en a fait 44, depuis son adaptation de Lysistrata d'Aristophane pour l'ouverture du CNA à Ottawa, en 1969. L'ouvrage Michel Tremblay: traducteur et adaptateur (Nota Bene), réalisé par trois professeurs et chercheurs (Serge Bergeron, Louise Ladouceur et Sathya Rao), se penche sur ce volet de l'oeuvre «tremblayenne». «Une étude en trois temps»: les traductions de pièces en langues autres que le français ou l'anglais; les pièces nord-américaines; les adaptations de textes français, comme celles des comédies d'Éric Assous.

Prix Michel-Tremblay: Et les finalistes sont...

Parlant de lui, le CEAD a annoncé cette semaine les finalistes du prix Michel-Tremblay, qui récompense le meilleur texte porté à la scène durant la saison précédente. Les finalistes sont l'auteure et comédienne Christine Beaulieu (J'aime Hydro), le polyvalent Sébastien David (Dimanche napalm), Suzanne Lebeau (Trois petites soeurs), Catherine Léger (Baby-sitter) et David Paquet (Le brasier).

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, archives LA PRESSE

Michel Tremblay

Aussi à l'affiche

The 39 Steps de Patrick Barlow. Au Centaur, jusqu'au 10 décembre.

L'Iliade. Texte de Homère. Adaptation et mise en scène de Marc Beaupré. Au Théâtre Denise-Pelletier (grande salle), jusqu'au 2 décembre.

Antioche de Sarah Berthiaume. Mise en scène de Martin Faucher. À la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, jusqu'au 25 novembre.

Les secrets de la Petite Italie de Steve Galluccio. Mise en scène de Monique Duceppe. Chez Duceppe, jusqu'au 2 décembre.

Vic and Flo Saw a Bear (adaptation en anglais du film de Denis Côté). Par Michael Mackenzie. Au Centaur, du 21 novembre au 2 décembre.

Savoir compter de Marianne Dansereau. Mise en scène de Michel-Maxime Legault. À la salle Jean-Germain du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 1er décembre.

Le cas Joé Ferguson d'Isabelle Hubert. Mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette. Au Trident, jusqu'au 25 novembre.

Dans le champ amoureux de Catherine Chabot. Mise en scène de Frédéric Blanchette. À Espace Libre, jusqu'au 25 novembre.

Filles en liberté de Catherine Léger. Mise en scène de Patrice Dubois. Une production du Théâtre PAP. À La Licorne, jusqu'au 2 décembre.

Les enivrés d'Ivan Viripaev. Mise en scène de Florent Siaud. Au Prospero, jusqu'au 16 décembre.

Photo fournie par le Théâtre Denise-Pelletier

La pièce Antioche de Sarah Berthiaume est présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 25 novembre.