Il y a un charme un peu suranné dans Wilson chante Montand, le spectacle hommage au légendaire artiste français présenté ces jours-ci au TNM. Comme si Wilson nous transportait à une autre époque, loin des artifices, des effets spéciaux ou de la démesure du showbiz actuel.

Nous sommes au Temps des cerises et des Feuilles mortes, traversant Paris à Bicyclette en fredonnant La chansonnette ou en récitant Rimbaud, Prévert et Baudelaire. Un énorme rideau noir en toile de fond, des éclairages feutrés, un micro, un piano et cinq musiciens. Wilson chante Montand est une invitation au voyage, au pays des mots et des refrains d'abord. 

Pour peu que vous vous laissiez transporter par cette proposition riche et unique, vous en reviendrez ému et ravi.

En 27 chansons choisies par Wilson et ses collaborateurs - dont l'excellent Bruno Fontaine (son arrangement au piano des Feuilles mortes est magistral !) -, ce spectacle de théâtre musical trace le parcours de Montand, du trac des débuts à Marseille à la gloire à Paris, en passant par New York. Rappelons que Montand a marqué son époque tant comme acteur, chanteur, militant et partisan... que comme grand charmeur devant l'Éternel. Imaginez, les Piaf, Signoret et Monroe ont toutes été amoureuses de Montand.

Et bien sûr, Wilson n'est pas non plus en reste, côté charme. À 59 ans, l'interprète est en grande forme et toujours aussi lumineux sur scène. Il se donne à corps perdu durant près deux heures sans entracte. 

À genoux, debout sur une chaise, assis sur le piano, Wilson fait plus qu'interpréter les morceaux : il joue chaque chanson avec une théâtralité assumée. 

Wilson ne s'adresse pas au public entre les chansons (sauf à la fin). Son spectacle est mis en scène au quart de tour par Christian Schiaretti.

Malgré des longueurs au début, le spectacle nous réserve quelques moments de grâce : Wilson tournant sur lui-même comme une toupie en chantant Mon manège à moi ; se crispant comme un extravagant sous des éclairages chauds durant son interprétation bouleversante des Bijoux ; se dandinant sur Come Back to Me.

En empruntant le répertoire d'Yves Montand, Wilson rend un bel hommage au chanteur de Barbara, mais aussi à la chanson française de jadis et à ses précieux ambassadeurs. Des artistes qui étaient d'abord des poètes qui mettaient de la beauté et des couleurs sur la grisaille de nos vies. Pour mieux chanter le verbe aimer.

Wilson chante Montand

***1/2 

Direction musicale et arrangements : Bruno Fontaine. Mise en scène : Christian Schiaretti. Avec Lambert Wilson. Au Théâtre du Nouveau Monde, jusqu'au 5 novembre.