Toutes les semaines, La Presse échange avec un artisan d'une pièce de théâtre d'été. Aujourd'hui, conversation avec Mario Jean en buvant un café latté à Boucherville. L'humoriste fait ses premiers pas dans le milieu théâtral dans Je vous écoute, pièce française qu'il a adaptée et qui est présentée au théâtre La Marjolaine, à Eastman, jusqu'au 26 août.

Comment ça va? La pièce connaît-elle du succès?

Ça va bien, super bien. La réponse est très bonne, les gens réagissent bien et c'est un beau succès. Nous partons d'ailleurs en tournée à l'automne 2018 et nous avons déjà une cinquantaine de dates.

Ah, c'est bien ça! Ce sont les producteurs qui t'ont approché pour participer à ce projet?

Non, c'est moi qui ai «callé la shot». Je suis entre deux spectacles et, avant d'en écrire un autre, j'avais envie de faire quelque chose que je n'ai jamais fait. J'ai fait de la télé, du cinéma, de la radio... et le théâtre était quelque chose que j'avais en tête depuis un petit bout de temps. Alors, pourquoi pas? J'ai parlé à François Rozon des productions Encore Spectacle qui m'a dit qu'il avait vu une pièce bien intéressante à Paris et que, si ça m'intéressait, on pouvait faire ça. J'ai finalement adapté la pièce pour le Québec et je joue dedans.

Et de quoi ça parle?

D'histoires de couple, c'est un peu ma spécialité. C'est un gars qui va rencontrer le psychologue de sa femme qui vient de le laisser. Et pour lui, le grand responsable est le psychologue. Il essaie donc de régler ses comptes avec lui.

Et je suppose que le texte est intelligent, c'est ce qui vous a charmé?

Oui, les situations sont dramatiques et ça reste la meilleure source pour le rire. C'est intelligent, profond et je sens que le public est touché par leurs propos. Évidemment, à d'autres moments, c'est bien drôle.

Et le jeu théâtral, ça te plaît finalement?

Complètement! Je ne suis tellement pas déçu de mon choix. Même que ça me donne envie d'écrire pour le théâtre. Je trouve que c'est une dynamique intéressante quand tu trouves ton thème, tu peux le développer pendant une une heure trente et avec des personnages. C'est un beau coup de foudre, le théâtre!

C'est rare qu'un humoriste écrive pour le théâtre?

Je ne sais pas si ça s'est déjà fait. Ça doit être rare. C'est une colle que tu me poses, là! T'attendais-tu à ce que je te dise: oui, en 1972, il y a tel humoriste qui a écrit... [La journaliste et lui éclatent de rire].

Et d'adapter une pièce, as-tu trouvé ça difficile?

Je me suis creusé la tête pour quelques références. Par exemple, dans la version originale, un personnage pogne les nerfs sur un lieu touristique qu'on ne pouvait pas comprendre au Québec. J'ai transposé ça finalement sur le tennis, il dit que c'est un sport de snob. Et ça fonctionne super bien. Mais sinon, ce fut un travail le fun. Il faut dire que c'est vraiment un bon texte. Il n'y a pas de scènes plus faibles où tu te demandes comment la rendre meilleure. La base est très bonne. Et tout part de là, hein? Je ne me souviens plus qui disait: «Pour faire un bon film, ça prend une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire.» Eh bien! en théâtre aussi.

En humour aussi!

Exactement. Si tu n'as rien à dire, il faut que tu alignes 350 «one-liners» sur rien... Pour que ça soit bon, c'est un maudit gros défi que tu te lances! Ce n'est pas mon genre, j'aime mieux prendre un sujet étoffé et rire de ça.

Reconnais-tu le public?

Je ne sais pas si c'est mon public qui vient nous voir. Mais il y a des gens de toutes les générations et Marc-André Coallier, qui est propriétaire du théâtre, est très content. On est pratiquement plein tous les soirs.

Et lui, à quoi croit-il que le succès est dû?

Marc-André dit que c'est à cause de moi et je pense qu'il a raison. [Rire] Sérieusement, je crois qu'on ne déçoit pas les gens. C'est bon, ça marche cette pièce.

Et en voici, une colle: considères-tu que le tennis est un sport de snob?

[Il rit] Ben moi, je n'aime pas ben, ben ça. Les sports où on ne peut pas faire la vague, je trouve ça un peu plate.

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Au théâtre La Marjolaine, à Eastman, jusqu'au 26 août.