Toutes les semaines, La Presse échange avec un artisan d'une pièce de théâtre d'été. Aujourd'hui, conversation avec Mélanie Maynard en sirotant un Virgin Caesar sur une terrasse du Vieux-Longueuil. La comédienne, improvisatrice et animatrice est aussi auteure. Deux pièces qui sont à l'affiche cet été portent sa signature: Docile au Petit Théâtre du Nord et Pain blanc, au Théâtre des Hirondelles, dans laquelle elle joue aussi.

Tu as écrit Docile et Pain blanc avec Jonathan Racine, ton vieux complice. Combien avez-vous signé de pièces ensemble?

On ne s'entend pas sur le chiffre exact, c'est comme le nombre de partenaires sexuels que tu as eus... Je crois qu'on en a écrit sept de façon professionnelle.

Tu n'es pas capable d'écrire toute seule?

J'écris parce que Jonathan me force, parce qu'il dit oui à des contrats. Comme cet été il a accepté de faire deux pièces... Je pense que c'est lui qui n'est pas capable d'écrire seul ! Son dada, c'est plus la mise en scène. On a toujours trouvé qu'il était bon pour faire le cadre, et moi pour remplir les bulles dans les images.

Vous restez toujours du côté de la comédie légère?

Oui, même si, moi, je veux toujours amener ça plus vers la comédie et lui plus vers le drame. Pain blanc, c'est vraiment cette dualité: une fille qui s'en vient mettre du négatif dans l'été de comédie de sa mère. Ça se sent dans toutes nos pièces. Le drame est encore plus fort quand il part du comique, et le comique est plus fort quand il part d'un drame.

Quelle est l'idée de départ de Pain blanc?

Comme toujours, c'est la relation avec la mère. La mère qu'on culpabilise, qui se culpabilise. Elle nous inspire énormément. Jonathan et moi avons les mêmes trous, les mêmes lacunes qu'on continue à forer...

Docile, ça parle de quoi?

C'est tout autre chose. Pain blanc répondait à notre thérapie, avec Docile on est allés ailleurs, dans un suspense tragi-comique avec un aspect documentaire. Ça se passe dans les années 60, c'est en noir et blanc... Le fond est sur l'asservissement des femmes. Les projecteurs ont beaucoup été braqués sur les femmes des années 60 qui prenaient leur envol, mais notre héroïne tombe dans le piège du cosmétique et cherche son pouvoir par la séduction. Mais elle fait fausse route.

Tu aimes les héroïnes féminines?

Nous, on écrit pour les femmes. J'espère que nous aurons un jour une petite statue nous disant bravo. Les femmes d'âge mûr, c'est ce qui nous branche. Dans toutes les tranches des êtres humains, il y a quelque chose de très intéressant chez les femmes de 40 à 65 ans. J'ai d'ailleurs l'impression que je suis en train de m'écrire des rôles.

Il faut que tu t'écrives des rôles pour jouer?

Non, mais il faut que je m'écrive des rôles pour me croire. C'est ça, la nuance.

Tu aimes encore jouer?

Oui, j'adore ça. Mais j'ai envie de jouer quelque chose que j'ai envie de dire. Des fois, c'est plus difficile de prendre l'oeuvre de quelqu'un d'autre, de la porter et de l'habiter.

L'écriture prend une place à part dans ta carrière?

Je pense que oui. Je suis une nature très sociable, mais à force de vouloir écrire, je commence à m'isoler. Peut-être que ça coïncide bien avec le fait de vieillir, mais tout le flouflou de l'artifice, s'habiller pour la télé, se faire coiffer, câline que je trouve ça lourd. Je ne suis pas encore tannée, mais c'est un jeu qui m'intéresse moins, le jeu de la séduction. J'ai plus envie de contenu que de contenant.

Je ne peux pas m'empêcher de te parler de ton passage mémorable aux Recettes pompettes... L'as-tu regretté?

Pantoute. Ça doit faire partie aussi du fait que je me fiche un peu de mon image. J'ai passé un bon moment, ça m'a fait rire. C'est comme un tour de manège. Après, j'ai regardé le show et j'ai trouvé ça drôle.

Quand même, ne pas avoir de filtre à ce point...

Je pense que plus je vais vieillir, plus je vais ressembler à ça. J'ai de moins en moins envie d'avoir de filtre. Ça n'ira pas en s'améliorant, mon affaire.

Tu as été malade le lendemain?

Non, j'ai bu beaucoup d'eau. Mais tu es bien fine de t'enquérir de ma santé!

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Pain blanc, au Théâtre des Hirondelles de Saint-Mathieu-de-Beloeil, jusqu'au 2 septembre.

Docile, au Petit Théâtre du Nord de Blainville, jusqu'au 26 août.