Après Le brasierMacbeth et Auditions ou Me, Myself and I, Dominique Quesnel jouera dans sa quatrième pièce en 2016-2017. Avant-garde est un solo présenté à Espace Go dans une mise en scène de Denis Marleau, avec qui elle travaille pour la première fois.

«Les jeunes doivent se dire: comment ça se fait qu'elle est encore là, elle? On l'a vue quatre fois cette année», lance Dominique Quesnel dans un éclat de rire. 

Parce qu'elle est l'une des meilleures comédiennes au Québec, a-t-on envie de répondre. Les critiques l'ont nommée pour son interprétation de Lady Macbeth cette année après lui avoir remis le prix pour Auditions ou Me, Myself and I l'année précédente. Deux pièces mises en scène par Angela Konrad. 

Habituée du théâtre de Dominic Champagne et de René Richard Cyr, Dominique Quesnel vit un renouveau avec la metteure en scène d'origine allemande.

«C'est un théâtre total qu'elle fait. L'intellect est sollicité, mais le corps aussi. Angela a frappé fort dans le petit univers du théâtre québécois. Quelle rencontre extraordinaire dans ma vie! J'étais à la fin quarantaine, me disant que ma carrière, c'était ça. Elle m'a offert des rôles extraordinaires que d'autres ne m'auraient peut-être pas offerts. »

Elle a aussi un rôle récurrent à la télévision en ce moment: Andrée Métivier dans Mémoire vives.

«C'est un immense cadeau qui m'a été donné. C'est le fun à 50 ans de se faire offrir quelque chose que tu n'as jamais eu. C'est un réel bonheur. Découvrir une nouvelle facette de son métier, c'est super.»

Brecht, ce salaud

Avant-garde est un texte de l'Allemande Marieluise Fleisser, qui a été la maîtresse de Bertolt Brecht dans les années 20. Pour s'y préparer, elle a lu Brecht & Cie de John Fuego.

«Le portrait qui est tracé de lui est assez terrible. Il avait beaucoup de maîtresses et des enfants un peu partout. Il était souvent avec des femmes brillantes qui écrivaient et il s'appropriait leur travail. Plus de 80 % de L'opéra de quat'sous aurait été écrit par Elisabeth Hauptmann.

«Le livre de Fleisser, poursuit-elle, n'est pas revanchard. C'est un portrait du jeune Brecht. Elle l'a écrit à l'âge de 62 ans avec de la distance. Elle reconnaît que Brecht lui a appris à écrire pour le théâtre. Mais Brecht entretenait une image de poète communiste pauvre, alors qu'il n'a jamais manqué d'argent de sa vie.»

Reconnaissance

Tout le contraire de Dominique Quesnel. Généreuse, reconnaissante, intuitive, travaillante sont les mots qu'on entend le plus à son propos dans le milieu théâtral.

«J'adore mon travail. Si ça peut plaire aux gens, je suis juste contente. J'espère pouvoir jouer encore longtemps, mais il n'y a jamais rien de garanti. Il y a tellement de comédiens talentueux qui ne travaillent pas, c'est terrible.»

Elle est surtout une comédienne à l'écoute. Pas seulement avec les oreilles. Le corps et le coeur aussi. Dominique Quesnel est ce réceptacle vivant de sensations, vibrant d'émotions. 

«Il faut écouter. Je me nourris des autres. C'est ce qui m'effraie un peu à l'idée d'être toute seule dans une pièce - Avant-garde - parce que j'adore mes partenaires de jeu. L'écoute est une qualité essentielle.»

Dans la vie, elle se dit pourtant plutôt solitaire. 

«Je tiens à ma solitude. C'est important pour moi. Passer cinq ou six heures à lire, c'est le bonheur. Je n'ai pas besoin d'être toujours entourée. Mais quand je travaille, j'aime le faire avec les gens. Le théâtre, c'est une équipe. J'adore mes camarades.»

Ils le lui rendent bien.

Son actualité

> Elle a joué Ricky dans Auditions ou Me, Myself and I au Quat'Sous jusqu'à la semaine dernière, Andrée Métivier dans Mémoire vives à ICI Radio-Canada Télé et Cilly Ostermeier dans le solo Avant-garde, à Espace Go du 21 mars au 15 avril. 

> Elle fera aussi partie de la distribution éclatante d'une pièce de la rentrée l'automne prochain. Indices: l'auteur est russe, le metteur en scène, français!