Le Centre Segal présente la pièce The Refugee Hotel qui traite d'un sujet brûlant d'actualité: l'accueil et la vie des réfugiés ici, au Canada.

Les réfugiés n'errent pas sur la terre depuis hier. La pièce The Refugee Hotel (L'hôtel des réfugiés) parle des Chiliens arrivés ici dans les années 70, fuyant la junte militaire de Pinochet. Parmi eux se trouvaient des enfants comme Carmen Aguirre, auteure de la pièce, et Paulina Abarca-Cantin, metteure en scène.

«Je me suis tout de suite reconnue dans la pièce de Carmen. Elle m'a beaucoup touchée. Ce sont des réalités communes que nous partageons, la plupart des réfugiés chiliens des années 70», nous explique la metteure en scène en entrevue.

Elle ajoute cependant que les Chiliens arrivés ici à cette époque n'étaient pas tous des opposants à la junte militaire, mais c'était le cas des parents de Paulina Abarca-Cantin et de Carmen Aguirre, une actrice et auteure primée vivant à Vancouver.

«Nous sommes très choyés de pouvoir monter une pièce de cette grande auteure à Montréal, estime la metteure en scène. Elle a accepté qu'on adapte le texte à la situation montréalaise qui a également été le théâtre de l'arrivée de nombreux Chiliens dans les années 70.»

Et les réfugiés continuent d'arriver ici aujourd'hui, d'autres pays comme la Syrie, dit-elle. La pièce traite d'un hôtel qui reçoit les réfugiés en attente de logement. Ils peuvent y rester parfois jusqu'à trois semaines.

Dans cette comédie noire, les 11 réfugiés d'Aguirre et d'Abarca-Cantin sont des battants dont les blessures vives mettent du temps à guérir.

«Il y a beaucoup d'humour dans la pièce. C'est une façon de survivre pour nombre de réfugiés et c'est notamment le cas des Chiliens ou d'autres Latino-Américains. Ça reste un trait marquant de notre culture.»

Diversité

Ce que Paulina Abarca-Cantin trouve moins drôle, c'est précisément le sujet de l'absence de diversité sur la scène théâtrale montréalaise, comme l'a démontré le récent dossier de La Presse à ce sujet.

«Je mets au défi quiconque de me démontrer qu'il est impossible de construire une distribution complète avec des acteurs issus de la diversité à Montréal. Il s'agit de chercher et on trouve», tranche-t-elle.

Sa production comprend 11 acteurs vivant ici et provenant notamment de l'Inde, de Colombie, du Mexique, du Liban et du Pérou.

«C'est tout simplement faux de prétendre qu'il n'y a pas d'acteurs de talent issus de la diversité à Montréal», insiste cette Québécoise arrivée ici à l'âge de 8 ans.

Carrière fructueuse

Paulina Abarca-Cantin a étudié à l'École nationale de théâtre à Montréal dans la section anglaise. Sa formation l'a amenée à jouer au Canada anglais (au festival de Stratford entre autres) et dans des films américains, mais elle a aussi participé à la série jeunesse Watatatow!

«Je suis privilégiée, avoue-t-elle. Mais ce n'est pas le cas de tous les réfugiés. Tous n'ont pas eu la chance que j'ai eue dans la vie. C'est pourquoi il est important de parler de leur vie, de leurs conditions d'accueil, de leurs drames et de leurs réussites dans leur nouveau pays.»

Pour encourager le public latino-américain à aller voir la pièce, celle-ci est dotée de surtitres en espagnol. Paulina Abarca-Cantin espère ensuite que la pièce saura trouver une piste d'atterrissage dans une salle francophone l'an prochain.

«Les réfugiés ont beaucoup à apporter à leur société d'accueil. Seulement, il faut être prêt à leur tendre l'oreille et le coeur.»