Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Catherine Bourgeois: Éloge de la diversité

Lorsqu'on demande à la cofondatrice de Joe Jack et John si, en 2003, elle était en avance sur son époque en donnant à la compagnie le mandat d'un théâtre inclusif et prodiversité, elle répond... non. C'est plutôt le milieu qui était en retard... «Pour moi, ça n'a jamais été un défi, l'inclusion. Plus il y a de la diversité autour d'une table, plus je trouve ça intéressant et stimulant.» 

La metteuse en scène Catherine Bourgeois admet que le Québec était sans doute trop occupé à mener d'autres batailles identitaires, car notre culture est plus fragile que d'autres. Toutefois, elle croit que les choses évoluent, et qu'on n'a plus de préjugés - sur sa démarche artistique - lorsqu'on sait qu'elle collabore avec des acteurs professionnels ayant une déficience intellectuelle, issus de l'immigration, ou encore des deux solitudes. 

En 13 ans et sept spectacles, Joe Jack et John a fait son petit bonhomme de chemin en mettant en vedette des interprètes souvent perçus comme marginaux ou antihéros dans notre société de compétition et de perfection.

Cette semaine, Catherine Bourgeois se penche pour la première fois sur une oeuvre du répertoire en montant Abîmés, quatre courtes pièces de Samuel Beckett.

«Le choix de Beckett allait de soi, dit-elle. Depuis mes débuts, je m'intéresse à la figure de l'antihéros. Et Beckett a créé une panoplie de personnages anonymes et plus démunis les uns que les autres. En observant un acteur handicapé sur scène, on a généralement tendance à lui attribuer une charge de désespoir [et de courage] devant l'adversité. Autant de traits qui caractérisent les personnages beckettiens coincés dans un monde absurde.»

Catherine Bourgeois dirige Marc Béland, Michael Nimbley, Guillermina Kerwin et Gabrielle Marion-Rivard, vedette du film Gabrielle (2013) de Louise Archambault.

Jusqu'au 22 octobre, à la salle Fred-Barry

TNM: Un cadeau pour ses 65 ans

Hier, juste avant la première de Tartuffe, à laquelle le premier ministre Philippe Couillard a assisté, et la soirée du 65e anniversaire du Théâtre du Nouveau Monde, le ministre de la Culture Luc Fortin a annoncé un investissement de 8,4 millions $ pour la rénovation du TNM. Une aide financière de 1,4 millions $ pour le maintien des actifs; ainsi que 7 millions $ pour les travaux de rénovation et d'agrandissement des installations du théâtre, entre autres le hall d'entrée et les bureaux de la compagnie fondée le 9 octobre 1951. Plus tôt dans la journée, le ministre Fortin avait aussi annoncé un accord de principe de 820 000 $ avec le théâtre Espace libre pour la réalisation de travaux de rénovation. 

Le brasier: Mauvais sang

Voir trois grands interprètes jouer un excellent texte dans une salle intime relève du pur bonheur d'amateur de théâtre. Voici Le brasier de David Paquet, mettant en vedette Dominique Quesnel, Kathleen Fortin et Paul Ahmarani. Ils jouent des «orphelins» de mauvais sang au destin brûlé d'avance, mais qui savent atteindre, de façon tordue, le sublime. On rit et on s'émeut grâce à la mise en scène et au jeu exceptionnels. - Mario Cloutier

Au Théâtre d'Aujourd'hui, avec supplémentaires, jusqu'au 26 octobre.

Réplique: De la nuance... 

Le Conseil québécois du théâtre (CQT) a réagi au dossier sur la diversité sur la scène montréalaise, publié le 24 septembre dans La Presse. «Eu égard à l'importance du sujet que vous abordez, nous avons estimé essentiel d'apporter de sérieuses nuances à certaines affirmations, en complément de votre dossier et afin de rendre celui-ci plus juste et plus fidèle à la réalité actuelle.»

En librairie: Souvenirs de Luce

La comédienne Luce Guilbeault (1935-1991) a marqué tous les gens qu'ils l'ont côtoyée. Or, son premier conjoint, le photographe Guy Borremans, a su capter l'actrice dans des moments intimes et magiques. Leur garçon, Ariel, a eu l'idée de regrouper quelques-uns des plus beaux clichés de son père dans un ouvrage accompagné de témoignages d'artistes, dont Denys Arcand et Michel Tremblay.

Ma mère dans l'oeil de mon père, aux éditions du passage.

Prix Siminovitch: les finalistes sont...

Christian Lapointe est en lice pour le prix Siminovitch 2016. La prestigieuse récompense sera décernée à un metteur en scène canadien à mi-parcours. Les autres finalistes sont Jonathan Christenson, Ravi Jain, Ross Manson et Nadia Ross. Le lauréat sera dévoilé le 28 octobre au Centre national des arts, lors d'une cérémonie animée par Daniel MacIvor et Geneviève Leclerc.

Aussi à l'affiche

En cas de pluie, aucun remboursement. Comédie écrite et mise en scène par Simon Boudreault. Chez Duceppe, jusqu'au 15 octobre.

Sounjata d'Alexis Martin et Yaya Coulibaly. À l'Espace libre, jusqu'au 8 octobre.

La délivrance de Jennifer Tremblay. Mise en scène de Patrice Dubois. Au Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 15 octobre.

Le timide à la cour de Tirso de Molina. Mise en scène d'Alexandre Fecteau. Au Théâtre Denise-Pelletier, jusqu'au 22 octobre.

Tartuffe de Molière. Mise en scène de Denis Marleau. Au TNM, jusqu'au 22 octobre.

Terminus de Mark O'Rowe. Mise en scène de Michel Monty. À La Licorne, jusqu'au 29 octobre.

Fuck you! You Fucking Perv! de Leslie Baker. À La Petite Licorne, jusqu'au 21 octobre (présentée en anglais avec surtitres français).

La campagne de Martin Crimp, une coproduction du Groupe la Veillée et Pétrus. Mise en scène: Jérémie Niel. Au Prospero, jusqu'au 22 octobre.

Le sang de Michi de F.X. Kroetz. Mise en scène d'Olivier Arteau. Au Prospero, du 11 au 29 octobre.