Sur l'ensemble des pièces proposées cette saison au public montréalais, on trouve autant de créations de nouvelles pièces que d'oeuvres ayant déjà été produites (catégorie répertoire). Au premier regard, cet équilibre est une bonne chose.

Mais en posant un regard plus attentif, on se rend compte que les créations ont lieu dans de petites salles. Cette situation met hors de lui Yves Desgagnés, homme de théâtre qui a signé de nombreuses productions du Théâtre du Nouveau Monde et du Théâtre Duceppe, notamment.

«On présente ces pièces à la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d'Aujourd'hui, qui contient 75 places. On donne une vingtaine de représentations et c'est fini. Il y a un manque de leadership de la part des grands théâtres.»

Serge Denoncourt n'est pas de cet avis: «J'observe le même phénomène à Paris et à New York. Je ne suis pas sûr que c'est un service à rendre à un auteur de créer sa pièce dans une grande salle.»

«Une partie de la réponse se trouve dans la capacité pour un théâtre à prendre un risque ou pas. Moi, je n'ai pas le sentiment de prendre un risque: la création fait partie de notre mandat», pense Marcelle Dubois, directrice générale et artistique du Théâtre Aux Écuries.

Monter une création, un pari risqué?

Il est vrai que certains théâtres de Montréal ont le mandat de créer de nouveaux textes. Mais en ce qui a trait aux institutions, évitez d'utiliser l'expression «part de risque» devant Yves Desgagnés.

«Ce concept est mathématiquement faux, lance-t-il. Les plus grands succès chez Duceppe ont été des créations québécoises. Quand les directeurs des grands théâtres me disent qu'il y a une part de risque dans un projet de création d'une pièce québécoise, j'ai envie de leur dire de manger d'la m...»

Yves Desgagnés n'a rien contre la présentation du répertoire, bien au contraire. Mais il souhaiterait voir plus souvent des oeuvres d'auteurs québécois.

«Ici, au Québec, on se targue de faire du répertoire. Mais ce sont des pièces qui n'ont rien à voir avec notre culture. Je pourrais vous nommer des centaines de pièces québécoises qui pourraient être remontées.»