En 10 ans à peine, le comédien de 34 ans est devenu l'un des meilleurs acteurs du Québec, en plus d'écrire et de monter ses pièces. La Presse lui a demandé quelles sont les personnes phares qui ont jalonné son parcours de créateur.

La mère théâtrale

La rencontre d'Emmanuel Schwartz avec Alice Ronfard à l'Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx a été déterminante. La metteure en scène a dirigé le jeune acteur dans la comédie musicale Hair et a lu ses premiers textes. «Alice est ma mère théâtrale! Dès ma sortie de l'école, elle m'a suivi dans mon écriture et mes envies de mise en scène. Avec Alice, j'ai présenté mes premières oeuvres professionnelles. Elle me protège encore dans mes avancées les plus récentes. Alice est une guerrière de la lumière et des mots, une amie sur qui je pourrai toujours compter. Et vice-versa.»

Les complices des débuts

Les interprètes Ève Pressault et Francis La Haye - ce dernier était dans sa classe à l'Option-Théâtre - ont joué dans la première pièce d'Emmanuel Schwartz, intitulée Antiviol, au festival Fringe. Dave St-Pierre en avait signé les chorégraphies. Pour ce dernier, Schwartz a dansé dans La pornographie des âmes et No Man's Land Show. «Je me souviens que Pierre Bernard [ex-directeur du Théâtre de Quat'Sous] est venu voir Antiviol. Plus tard, il m'a conseillé et m'a aidé à clarifier mes choix artistiques. Ces quatre personnes sont très importantes dans l'envol de ma carrière.»

L'ami

En 2005, Emmanuel Schwartz a fondé la compagnie Abé Carré Cé Carré avec Wajdi Mouawad. Ç'a été le début d'une belle aventure artistique. Il a fait partie de la tournée de la pièce Forêt, en plus de jouer dans Littoral, au Festival d'Avignon. «J'ai appris plein de choses en regardant travailler Wajdi. Ce n'est pas un parrain. Il ne veut pas jouer au professeur avec ses collaborateurs. Avec Wajdi, on est plutôt en mode dialogue. Il veut savoir ce qu'on pense de son travail. Il remet en question les paradigmes. Il m'a montré à prendre du recul sur l'oeuvre, à trouver du sens et de la profondeur. Afin de trouver l'équilibre entre l'inspiration et le travail acharné.»

Le frère

La rencontre d'Emmanuel Schwartz avec Mani Soleymanlou est déterminante dans sa vie et son parcours artistique. Soleymanlou a joué dans ses pièces Chroniques et Nathan, avant qu'ils collaborent à la création de Deux. «Après mon long périple en Europe avec Wajdi, j'étais dans un creux, un peu perdu artistiquement. Et Mani m'a donné un nouveau souffle. Il m'a éveillé à une manière de concevoir le théâtre au-delà des sagas et des grandes formes. Avec lui, j'ai pu puiser à d'autres sources pour créer des projets différents.»

La star

En 2011, Emmanuel Schwartz part pour Los Angeles. Il envisage d'aller travailler aux États-Unis. «Je suis allé au Château Marmont, un hôtel mythique du Sunset Boulevard. Un matin, j'ai surpris Philip Seymour Hoffman en train de répéter un texte dans le café de l'hôtel (je l'ignorais à l'époque, mais il préparait son rôle pour The Master). Je l'ai revu plus tard au bord de la piscine. On s'est parlé. Je lui ai dit que j'écrivais du théâtre. Il m'a invité à participer à des ateliers de création avec sa compagnie à New York. J'ai même commencé une pièce, mais ce projet n'a jamais eu de suite. De manière très cordiale et ouverte, ce grand acteur m'a montré, malgré lui, que toutes les portes sont ouvertes si on le désire. Peu importe que tu sois une superstar ou un inconnu, à la base, tout le monde fait le même métier.»