Claude Poissant et Larry Tremblay collaborent pour la cinquième fois. Duo de choc pour l'adaptation du livre à succès L'orangeraie en première mondiale à Montréal!

On s'arrache Larry Tremblay. Il voyage sans cesse pour L'orangeraie, le roman, mais il trouve tout de même le temps d'écrire. La saison 2016-2017 devrait voir la naissance de ses quadruplés: deux pièces de théâtre, un nouveau roman et un roman graphique!

Sans oublier que l'adaptation de L'orangeraie, qu'il a préparée pour le metteur en scène Claude Poissant au Théâtre Denise-Pelletier, sera jouée également en Allemagne.

«Ça fait trois ans que je suis avec L'orangeraie, dit Larry Tremblay. Bientôt, ça va être dans 11 territoires, dont Israël. Les choses vont très vite. L'adaptation en allemand, je n'ai pas eu le temps de te le dire, Claude.»

«J'aimerais ça aller présenter la pièce à Berlin, réplique celui-ci, goguenard. Ça fait longtemps que je n'y suis pas allé. On devrait leur dire qu'on veut essayer de tourner avec notre version.»

Une vieille complicité

Pas de chicane dans la cabane, cependant. Les deux artistes se connaissent depuis plus de 20 ans. 

«Il voulait que j'adapte L'orangeraie et je lui ai dit que c'était à lui de le faire, raconte Claude Poissant. Il n'est pas que romancier, il est aussi dramaturge. La vieille complicité qu'on a facilite le travail. Ce sont des allers-retours très fructueux entre nous.»

«Larry dit ce qu'il pense. Tout est clair quand il donne son opinion et ça me permet de travailler sur ce qui doit être amélioré parce que sa sincérité immédiate est porteuse de vérité», affirme Claude Poissant.

Larry Tremblay souligne que l'auteur ne peut pas «défaire le travail du metteur en scène. Il ne doit pas intervenir dans ses rapports avec les acteurs ou concepteurs non plus».

Avec ses nombreux dialogues poétiques, le roman portait déjà sa dose de théâtralité. 

«Au théâtre, il a fallu fusionner des espaces, note Larry Tremblay. L'action, c'est un moteur avec ses engrenages. Avec les acteurs, on entend tout de suite les redondances, alors il y a eu un travail d'élagage. On a enlevé les phrases inutiles parce que l'acteur dessine avec sa voix, son corps, ainsi que lors de ses interactions avec les autres.»

Amed et Aziz

L'orangeraie raconte l'histoire de deux jumeaux, Amed et Aziz, dans un pays en guerre, un coin de planète qui n'est jamais identifié. Ils seront entraînés, malgré eux, dans un engrenage de violence à la suite de la disparition de leurs grands-parents sous les bombes.

Histoire d'enfance volée, de vengeance aussi. Face à cette pièce en partie narrative, Claude Poissant a cherché à multiplier les niveaux de lecture et de jeu.

«Larry est sournois dans sa manière d'écrire. Il a ménagé différentes stratégies d'accès au texte pour le public. Ça cache beaucoup de mystère. Il en émerge des moments imprévisibles. C'est en répétition qu'on trouve ces moments-là.»

Le metteur en scène raconte comment il a enlevé les vraies oranges de la pièce. Les acteurs mimeront au lieu de se lancer de vrais fruits.

«Il fait toujours ces choses-là, dit Larry Tremblay. C'est plus théâtral, j'aime ça. Le fait que le garçon qui est parti en Amérique revienne dans l'histoire en adulte, c'est mieux aussi.»

Ajouts et omissions

Les lecteurs du roman verront aussi quelques ajouts et omissions dans la version théâtrale. Le personnage de Mounir, peu développé dans le livre, a plus de dialogues et est plus important dans la pièce. 

«Quelqu'un d'autre qui aurait adapté le roman n'aurait pas osé faire ça. Larry peut se le permettre parce que c'est son objet.»

«C'est une fable, poursuit-il. Il fallait trouver une scénographie qui rende la simplicité d'un texte se déroulant à divers endroits dans le monde à différents moments. L'important, c'est de simplifier en gardant le côté jeux d'enfants. Si c'est trop réaliste, on n'y croit plus.»

Acteurs de la diversité

Les 10 personnages de la pièce L'orangeraie portent des prénoms arabes, sauf un. Cependant, seuls deux des acteurs ont des racines rejoignant un sol autre que québécois. «La question a été posée très rapidement et j'y ai répondu rapidement, dit Claude Poissant. On est au théâtre, pas dans un film réaliste. L'idéal est que cette parole soit prise en charge par les acteurs idéaux dans la vision que j'avais. Ce qui ne m'a pas empêché de passer plusieurs auditions, mais ça n'a pas fonctionné. C'est un métier exigeant, le théâtre. Quelqu'un qui n'a pas fait d'école de théâtre peut difficilement jouer dans une telle pièce.»

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Au Théâtre Denise-Pelletier du 23 mars au 21 avril.