Catherine-Anne Toupin est allée à Londres... non pas pour faire du cinéma, comme dans la chanson de Renée Martel, mais pour faire du théâtre. Et ça marche plutôt bien, merci!

À présent, sa deuxième pièce créée en 2008 à La Licorne sous la direction de Frédéric Blanchette, fait un tabac au Royaume-Uni. Avant même la première londonienne de Right Now (le 23 mars), la production a déjà reçu trois critiques élogieuses. The Guardian, The Times et The Stage lui attribuent chacun une cote de quatre étoiles sur cinq!

«Dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais pensé vivre ça!», confie la comédienne, jointe hier soir à Londres, où elle séjourne jusqu'à la fin du mois de mars.

Il faut dire que cette production de Right Now a tout pour émoustiller la flegmatique critique britannique. La pièce de Toupin est coproduite par trois importantes compagnies d'Angleterre et d'Écosse, et mise en scène par nul autre que Michael Boyd, ex-directeur artistique de la Royal Shakespeare Company, la plus grande compagnie de théâtre du royaume de Sa Majesté.

«En effet, Boyd est un monument du théâtre anglo-saxon, confirme la dramaturge. J'ai été surprise qu'un tel homme s'intéresse à ma pièce. De plus, la traduction d'À présent est de Chris Campbell, le dramaturge du Royal Court, à Londres, l'équivalent du Théâtre d'Aujourd'hui à Montréal.»

Le texte a aussi été traduit en italien, en espagnol et en allemand.

Discrète et modeste, Catherine-Anne Toupin était étonnée que La Presse s'intéresse à sa percée outre-Atlantique. «À mes yeux, je ne suis pas une auteure. Je me vois plutôt comme une actrice qui écrit des textes, dit-elle humblement. À côté de l'oeuvre de Michel Tremblay, mes quelques pièces, ce n'est rien.»

Tout sauf... rien

Or, la tournée britannique d'À présent est tout sauf «rien». La production est présentée dans trois villes du Royaume-Uni, durant 11 semaines. Après les actuelles représentations à Bath, Right Now sera à l'affiche du Bush Theatre à Londres, du 23 mars au 16 avril; puis à Édimbourg, du 19 avril au 7 mai, au Traverse Theatre, une compagnie qui se spécialise dans la découverte de nouvelles voix théâtrales... et qui a entre autres lancé les David Grieg, Gregory Burke et David Harrower.

«Ici, on me compare au Parisien Florian Zeller (Le pèreUne heure de tranquillité). Les Anglais trouvent ma pièce "So French!" Alors que moi, je pensais qu'elle était traversée par un humour noir très British [rires].»

La comédienne est installée pour deux mois à Londres, sa ville préférée. Elle habite le quartier Holborn, à cinq minutes en métro de Soho et des théâtres du West End.

«J'avais envie de suivre les répétitions, de voir comment les Britanniques travaillent sur une production de théâtre. Je rencontre des artistes le jour, je vois des shows le soir, puis le matin, j'écris. Je travaille sur une nouvelle pièce», raconte la jeune auteure.

Grâce à La Manufacture

Toupin dit devoir une fière chandelle à La Manufacture pour la réalisation de son rêve: «Je récolte le fruit d'une décennie de travail de Jean-Denis Leduc et Denis Bernard», dit-elle.

À l'automne 2014, La Manufacture s'est associée au Traverse Theatre en Écosse pour organiser une lecture de trois pièces québécoises: Tu te souviendras de moi de François Archambault, Billy de Fabien Cloutier et À présent. Selon l'auteure, sa pièce a été un véritable coup de coeur à Édimbourg.

Il y a sept ans, la comédienne, qu'on va revoir pour deux autres saisons dans Boomerang et dans Unité 9, disait au magazine L'actualité que «la fiction est la plus belle chose que l'homme a inventée pour se différencier de l'animal».

Catherine-Anne Toupin peut se dire auteure. Sa fiction touche sans l'ombre d'un doute le genre humain.

PHOTO SIMON ANNAND, FOURNIE PAR LE BUSH THEATRE

Right Now est présentée dans trois villes du Royaume-Uni, durant 11 semaines. Après les actuelles représentations à Bath, Right Now sera à l'affiche du Bush Theatre à Londres, du 23 mars au 16 avril; puis à Édimbourg, du 19 avril au 7 mai, au Traverse Theatre.