En attendant de remonter sur scène l'an prochain, Sylvie Vartan fait à 71 ans ses débuts au théâtre à Paris, dans une pièce de boulevard où elle s'«amuse follement» à bousculer son image d'icône yéyé en jouant une star de cinéma excentrique en plein dépit amoureux.

À l'affiche de Ne me regardez pas comme ça, Sylvie Vartan incarne Victoire Carlota, actrice déchue qui tente de renflouer ses finances avec ses mémoires. Son éditeur dépêche un auteur dont le seul succès est un livre de cuisine...

L'improbable duo formé par Sylvie Vartan et la comédienne Isabelle Mergault fonctionne à merveille et la chanteuse livre une vraie performance avec ce personnage extravagant.

Victoire Carlota et son «nègre» de service s'offrent un grand voyage, sur les lieux de tournage des films de l'ex-star pour nourrir la biographie. Au gré des escales et des rencontres, une complicité se crée entre les deux femmes que tout opposait.

«C'est une pièce légère. Mon personnage est extravagant. J'en profite pour m'amuser follement sur scène. C'est un vrai bonheur de faire rire et de s'évader par la comédie. Victoire est obsédée par les paparazzis. C'est un terrain que je connais bien!», confie Sylvie Vartan à l'AFP.

«Jouer la comédie, c'est se rapprocher de l'enfance. Ce sont mes vrais débuts au théâtre, avec un rôle à part entière. En 2011, j'ai participé sous forme de lectures à une pièce féministe, L'amour, la mort, les fringues des soeurs Ephron», souligne la chanteuse et comédienne. Dans les années 60, Sylvie Vartan a tourné plusieurs films. En 1994, le réalisateur Jean-Claude Brisseau lui a offert un rôle dramatique dans L'ange noir.

«Bouleversée» par les migrants

«Au cinéma, j'ai joué souvent les femmes machiavéliques et calculatrices. J'avais très envie de faire rire. Isabelle Mergault me l'a proposé et je n'ai pas hésité. Mes chansons sont souvent mélancoliques ou sentimentales, mais j'aime rire comme tout le monde!», assure Sylvie Vartan.

Le 27 novembre, la «lycéenne du twist» renouera avec la chanson avec un nouvel album, Une vie en musique, sous forme d'une balade nostalgique, de Sofia à Los Angeles, en passant par Paris où elle a été révélée en 1961. «J'ai réenregistré et réorchestré mes chansons incontournables. Ce sont autant de petites madeleines pour le public, comme pour moi», sourit-elle.

D'une rare photogénie, la «plus belle pour aller danser» aura marqué les sixties autant par ses chansons parfois irrévérencieuses pour l'époque (Comme un garçon...), que par ses looks.

Les éditions parisiennes de la Martinière s'apprêtent à la sacrer «icône de mode» avec un livre de Christian et Eric Cazalot, Le style Vartan.

«Des visages qui ont éclos dans les années 1960, celui de Sylvie Vartan, reste aujourd'hui le plus icônique», soulignent les auteurs. «Son look a été copié par toutes les jeunes filles et elle a été l'une des toutes premières à représenter la liberté de la génération babyboom».

Sylvie Vartan, née en Bulgarie en 1944, s'est réfugiée en France avec ses parents après l'intervention des troupes soviétiques. L'afflux massif de migrants depuis plusieurs mois la «bouleverse», confie-t-elle.

«Cela me ramène évidemment à ma propre histoire», dit-elle. «Je ressens la détresse de ces gens désespérés qui arrivent sans rien, avec leurs enfants. Il faut les aider, mais aussi que tous les pays se mobilisent pour éradiquer le mal à l'origine de cet exode».