Pour ouvrir sa nouvelle saison, la Maison Théâtre présente une pièce au charme poétique aussi touchant que réjouissant. Destinée aux enfants de 3 à 6 ans, Toi du monde, de la compagnie française Bouffou Théâtre, parle de communauté, de solidarité et d'amour. Et, mine de rien, touche le coeur des grands comme des petits.

Dans un décor composé de toits de maison installés sur le dessus de tabourets de diverses hauteurs, l'auteur, metteur en scène et interprète Serge Boulier est le maître du jeu de cet univers miniature. Vivent dans chacune de ces demeures toutes sortes de gens, dont il racontera l'histoire à Elle, petite fille triste qu'il entreprend de dérider.

Jeu clownesque, théâtre de marionnettes ou d'objets, mime, le narrateur utilise plusieurs techniques pour donner vie à tout ce beau monde : Ernest qui ne sait pas lacer ses souliers, Léon, qui a un crabe dans le corps et à qui Léontine donne gentiment un coup de main, Josette, qui oublie tout et range les chaussettes dans le congélateur, les voisins Eugène et Mélanie, qui se saluent une fois par semaine le dimanche « et c'est très bien » - mais un jour, Eugène ne sera pas au rendez-vous...

Grands drames et petites joies

Alors que les marionnettes, toutes blanches sauf Elle, se confondent au début dans un certain anonymat, chaque personnage laisse entrevoir sa personnalité, ses failles et ses qualités, ses grands drames et ses petites joies. On finira ainsi par bien connaître tous les habitants de cette communauté qui peu à peu s'anime et se rapproche. Sans suivre de fil narratif précis, le récit est dessiné par petites touches par un créateur fantasque et sensible, qui décroche parfois du côté de la fantaisie pour toujours mieux revenir à son propos plein d'humanité.

On peut trouver le spectacle un peu trop long pour les tout-petits (45 minutes, c'est beaucoup) et certains éléments scéniques, parfois vraiment minuscules et requérant beaucoup d'attention, mais ce sont de bien minces défauts.

Toi du monde est formidablement bien écrit, plein de jeux de mots, d'intelligence et d'imagination, et ne prend jamais les petits spectateurs pour des idiots - un adulte non accompagné, à notre humble avis, pourrait même y trouver son compte. C'est dire.

Et on ne peut qu'adhérer à une pièce qui se termine avec cette addition toute belle dans son illogisme, dont le résultat donne confiance dans la vie : un plus un, ça ne fait pas deux, ça fait plein.

Toi du monde, à la Maison Théâtre jusqu'au 4 octobre. Pour les 3 à 6 ans.