La production de l'oeuvre de Jules Verne Le tour du monde en 80 jours au théâtre relève d'un véritable tour de force. Le metteur en scène Hugo Bélanger mise sur la musique, les costumes et les masques pour évoquer les 27 lieux visités par les quatre personnages principaux. Autour d'eux s'activent quatre autres comédiens qui doivent jouer une cinquantaine de personnages!

OFFRIR LES CULTURES

Flanqué des comédiens Benoît Gouin et Maude Desrosiers, le metteur en scène Hugo Bélanger dit travailler dans le «merveilleux». Il a adapté le roman et la pièce de Jules Verne pour créer ce spectacle qui amène le monde sur la scène du TNM. «La liberté va dans un seul sens, dit-il. La culture, les McDo et le cinéma américains vont partout, mais est-ce que la culture d'ailleurs nous revient? Je me suis dit que le théâtre pouvait être ce moyen de transport qui nous apporte les autres cultures», confie Hugo Bélanger.

COSTUMES ET ACCESSOIRES

Le décor du Tour du monde évoluera peu. On ne trouvera point de pyramide ou de réplique du Taj Mahal. Mais les spectateurs auront droit à un feu roulant d'instruments de musique, d'accessoires et de costumes. «Les comédiens changent de costume sans arrêt et ce n'est pas qu'un changement de chapeau, souligne le metteur en scène. On explore les cultures et les théâtres du monde, par exemple, entre le Japon et l'Ouest américain. Avec un effet kabuki, on passe d'une geisha à une chanteuse western.»

DÉFI D'ACTEUR

Les quatre personnages principaux sont joués par Benoît Gouin, Tania Kontoyanni, Carl Béchard et Stéphane Breton. Dans la peau des personnages de soutien, Maude Desrosiers, Carl Poliquin, Patrice D'Aragon et Éloi Cousineau jouent, chantent, dansent et font de la musique. «C'est un grand défi parce que ça bouge beaucoup. Le public ne va pas et ne doit pas remarquer que c'est difficile, dit Hugo Bélanger. Ils vont penser qu'il y a 15 acteurs, mais, à part les rôles principaux, ils ne sont que quatre comédiens.»

RIGUEUR ET COULEURS

«Avec la pièce, on a essayé de rêver l'univers, mais à partir d'un vrai travail de recherche, explique Hugo Bélanger. Il y a des masques, des marionnettes, du théâtre d'ombres, entre autres.» Voici un aperçu de ce à quoi seront exposés les spectateurs durant les deux heures du Tour du monde: topeng (danse indonésienne avec masques); kathakali (théâtre dansé du sud de l'Inde); kecak (danse de percussions balinaise); cakil (danse traditionnelle indonésienne); bunraku (théâtre de marionnettes japonais); karagueuz (théâtre burlesque ottoman d'origine égyptienne).

VERNE L'EXPLORATEUR

Le tour du monde a connu plusieurs vies. Jules Verne voulait créer au départ une pièce de théâtre. Il s'est disputé avec son coauteur et a décidé de transposer le récit en roman. Mais après le succès du livre, il en a fait une pièce. «À l'époque, on découvrait le monde dans les romans, dit le metteur en scène. Cette histoire, ce n'est pas le Jules Verne scientifique, mais celui qui était explorateur. L'idée est de reproduire la fascination qu'avaient les lecteurs à la fin du XIXe siècle.»

ANCRÉ SOCIALEMENT

Sans vouloir faire du théâtre social, Hugo Bélanger estime que la pièce suscite une réflexion sur les notions de maître et de serviteur. «Il y a un côté Tintin au Congo dans le roman: c'est écrit par un Français au temps des colonies et je trouvais important de ramener ça au rapport entre les cultures. Le monde n'est pas qu'un paysage de fond. Je voulais qu'on vive cette course et qu'on découvre de nouvelles cultures. Arrêter et prendre le temps de regarder comment vivent les humains.»

______________________________________________________________________

Au TNM à partir du 28 avril.