Entre Trois au Théâtre d'Aujourd'hui et Richard III au TNM, Emmanuel Schwartz a connu, selon lui, «une saison fort physique». Le prochain rendez-vous du comédien fera bouger davantage son corps. Il fait partie de la distribution de Wolf Songs for Lambs, installation chorégraphique de Frédéric Tavernini, avec Anne Thériault et Stéfan Boucher, à l'affiche du Théâtre La Chapelle du 14 au 18 avril.

«J'ai beaucoup de plaisir à collaborer à un spectacle de danse, dit Schwartz. Mais on ne fera pas de moi un danseur pour autant. Je suis un acteur qui danse, tandis que Frédéric est un technicien du mouvement hors pair, formé chez Maurice Béjart.»

Wolf Songs for Lambs est un spectacle inspiré du monde de l'enfance et du «paracosme». En psychologie de l'enfance, un «paracosme» est un monde imaginaire régi par ses propres normes, son langage et son histoire.

«Frédéric a observé sa petite fille de 4 ans, raconte l'interprète. Elle peut s'approprier une situation qu'elle observe chez des adultes et la transposer dans son univers ludique et enfantin. Le spectacle vise à créer une expérience assez forte pour transporter le spectateur hors des champs habituels de la perception. Pour le faire basculer dans l'imaginaire de l'enfance.»

En plus de cette création, Emmanuel Schwartz travaille à un événement théâtral d'envergure. Un spectacle-fleuve de cinq heures intitulé Five Kings - L'histoire de notre chute, qui sera présenté à l'Espace Go puis au Théâtre français du CNA à Ottawa, l'automne prochain.

Il s'agit d'une création moderne basée sur les cinq pièces historiques de Shakespeare, avec Olivier Kemeid, Patrice Dubois, Frédéric Dubois et le concepteur d'écla irage Martin Labrecque. Le travail de recherche et création est entamé depuis 2012. Les quatre créateurs se sont inspirés d'un autre projet (jamais achevé) de collage de ces oeuvres sur lequel Orson Welles a travaillé en 1939. Emmanuel jouera plusieurs personnages aux côtés d'une douzaine d'acteurs belges et québécois.

Les cinq coups de coeur d'Emmanuel Schwartz

MUSIQUE: To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar

«Ce deuxième album complexe et intime du rappeur américain m'a estomaqué. Lamar symbolise le renouveau du hip-hop intellectuel. Le chanteur aborde des thèmes comme le racisme, les préjugés de classe et la surconsommation aux États-Unis. Je suis sur la même longueur d'onde que lui sur plusieurs sujets.»

TÉLÉSÉRIE: House of Cards

«J'ai dévoré la troisième saison de cette formidable série américaine. Contrairement à certains critiques, j'ai trouvé la nouvelle saison aussi bonne que les deux premières. Elle est différente et le dénouement dans la relation du couple maudit nous amène ailleurs. Mais ça reste très bon. Chaque soir, alors que je rentrais de jouer dans Richard III, je me tapais un épisode en me disant que l'histoire se répète pour vrai!»

CINÉMA: Interstellar de Christopher Nolan

«Ce film m'a soufflé! C'est un récit d'anticipation spatiale avec des notions d'astrophysique et de philosophie. Et les hypothèses avancées dans le film relèvent plus d'un futur pas si loin lointain que de la fiction totale. La réalisation de Nolan est impeccable, tout comme le scénario et les performances des acteurs.»

DOCUMENTAIRE: Dig! d'Ondi Timoner

«Je revois souvent ce film documentaire réalisé par Ondi Timoner et sorti en 2004. Le réalisateur a filmé sur sept ans, en parallèle, deux groupes de musique pop psychédélique aux destins divergents: The Dandy Warhols et The Brian Jonestown Massacre. Proches au début, les deux groupes deviennent peu à peu rivaux. C'est un portrait juste et incroyable de l'ego démesuré des rock stars qui se prennent pour Jésus-Christ.»

LIVRE: L'Homme blanc de Perrine Leblanc

«Perrine Leblanc a une parfaite maîtrise de l'écriture. C'est beau et complexe comme de l'orfèvrerie! Quand je suis tombé sur ce roman qui m'a happé, je ne connaissais pas cette auteure montréalaise. En lisant, je me disais que c'était le résultat d'un auteur de grande expérience. Or, L'Homme blanc, publié en 2010, est son premier roman!»