Il est très rare qu'on puisse voir une nouvelle production de West Side Story en dehors de Broadway. Or, dès vendredi, la faculté des arts de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), en collaboration avec l'Orchestre philharmonique des musiciens étudiants de Montréal (OPMEM), présentera à la salle Pierre-Mercure le chef-d'oeuvre de Leonard Bernstein, Arthur Laurents, Jerome Robbins et Stephen Sondheim dans une mise en scène d'Angela Konrad, professeure à l'École supérieure de théâtre de l'UQAM.

Vous avez bien lu. Il s'agit de la directrice de la Fabrik, habituée à revisiter des pièces de Brecht, de Shakespeare et de Tchekhov, qui s'aventure du côté de la comédie musicale. Étonnant? «Je me suis surprise moi-même, répond Konrad. Or, j'ai revu le film avant de me lancer dans le projet [réalisé par Robert Wise en 1961]. Et j'ai réalisé que ce drame est truffé d'enjeux sociaux et politiques contemporains, tels que l'immigration, l'identité, le racisme, la corruption policière, les relations intergénérationnelles.»

Autour de Roméo et Juliette 

Créée à New York en 1957, la comédie musicale est une variation autour de Roméo et Juliette de Shakespeare. La Vérone de la Renaissance est transposée dans l'Upper West Side des années 50, à l'époque où ce quartier de Manhattan était populaire et majoritairement portoricain. Les Capulet et les Montaigu sont rebaptisés les Jets et les Sharks. Un soir de fête, Maria (Emilie Roy), la soeur du chef des Sharks, s'éprend du beau ténébreux Tony (Louis Lacombe-Petrowski), qui a le grand malheur d'être le meilleur ami de Riff, leader des Jets. La rivalité entre les deux clans en sera exacerbée.

Bien que non professionnelle, cette production de West Side Story ne lésine pas sur les moyens. La distribution comprend 90 choristes, musiciens et interprètes, tous étudiants, finissants ou employés de l'UQAM.

Manon Oligny, chargée de cours au département de danse, signe les chorégraphies. Ces dernières sont conçues spécialement pour le spectacle. Elles seront plus «contemporaines, organiques et rudes» que les originales de Robbins. Philippe Ménard, jeune chargé de cours au département de musique, assure la direction musicale et dirige 36 musiciens sur scène.

Pour Angela Konrad, du point de vue musical et dramatique, West Side Story est une grande tragédie moderne. «En arrière-plan de cette oeuvre à l'écriture précise, limpide et rythmée, on perçoit, de la part des créateurs, une critique du rêve américain et de la place accordée aux jeunes marginaux dans la société.»

Près de 60 ans après sa création, West Side Story a formidablement traversé le temps. Comme dit la formule: un classique, c'est un contemporain de toutes les époques.

À la salle Pierre-Mercure de l'UQAM, les 27, 28 et 29 mars