Très belle production de La Veillée avec cette pièce russe d'Ivan Viripaev. Illusions prend l'amour en sandwich, entre vérité et mensonge, entre espoirs et déceptions.

Illusions commence par l'un des plus beaux monologues qui soient sur l'amour, sa nature profonde et sa réciprocité. Et la pièce se termine sur une question existentielle: y a-t-il une seule constance en ce monde perpétuellement en mouvement?

Entre les deux, les histoires racontées - au sujet de deux couples d'octogénaires amis - par quatre personnages anonymes laissent le soin au spectateur de répondre lui-même à la question de ce «cosmos changeant».

Dans un magnifique cube bleu, évoquant tantôt la mer, tantôt le ciel, les excellents Evelyne de la Chenelière, Marie-Eve Pelletier, David Boutin et Paul Ahmarani font rire, réfléchir et vont satisfaire, surtout, notre goût pour les histoires, notre besoin d'espoir.

Le metteur en scène Florent Siaud dirige un fort joli bateau, amenant ses comédiens dans tous les recoins de l'espace vide. Son équipage habille la scène d'éclairages, de sons et d'images qui agissent en parfait contrepoint à cette intrigue qui n'en est pas une.

L'illusion d'aimer

Dennis aimait Sandra qui aimait Albert qui aimait Margaret. Leurs sentiments étaient peut-être réciproques, peut-être pas. Ils ont blagué et menti aussi... ou pas tout à fait? Qui aime qui et qui dit la vérité à propos de qui il dit aimer? Qui a trompé qui... ou non?

L'humanité veut croire à l'amour et aux histoires d'amour. Ivan Viripaev soutient que ce n'est qu'illusion. Ce n'est pas tant que le sentiment en soi est illusoire, mais que la nature de cet amour, que nous appelons de toutes nos forces pour faire face à la mort, c'est l'illusion elle-même.

À la fin, sur scène, dans la vie, tout le monde meurt. Plus rien n'a d'importance puisque nous avons aimé... l'illusion d'aimer.

*** 1/2 

Au Théâtre Prospero jusqu'au 11 avril.