Ils sont quatre copains, deux garçons et deux filles, agiles, frondeurs et soudés. Et ils sont les maîtres de la ruelle... jusqu'à l'arrivée de Pierre-Roc, cow-boy solitaire qui débarque seul avec son harmonica sous leur regard méfiant.

Le jeune homme est habité d'un riche monde intérieur et peut s'inventer plein d'histoires avec un bout de ficelle. Mais il a surtout envie de se faire de nouveaux amis et de se joindre au groupe. Ce qui ne sera pas de tout repos...

Pièce délicate sur le rejet écrite par Francis Monty, Nous sommes 1000 en équilibre fragile fait aussi se dévoiler peu à peu les failles et les peurs de chacun. En utilisant deux arts urbains, le slam et le parkour - discipline dans laquelle les acrobates utilisent le mobilier urbain comme matière première -, le metteur en scène Robert Dion lui donne aussi un aspect moderne et vibrant.

Le théâtre DynamO est spécialisé depuis sa fondation en théâtre acrobatique, et la troupe réussit encore une fois à innover - on se souvient encore des spectaculaires escabeaux de L'envol de l'ange. L'intégration du parkour, sport hautement dangereux, se marie cette fois très bien avec la fougue de ces jeunes un peu laissés à eux-mêmes et qui se cherchent. Ils frôlent constamment le vide, métaphore de cette société qui les rejette et qu'ils rejettent tout autant.

Énergie contagieuse

Dans un décor très réaliste et grisâtre, les personnages perdent et trouvent l'équilibre sur le bord d'un toit de tôle ou en marchant comme des funambules sur une clôture en treillis de métal. Et ils sont tout autant sur le fil du rasoir avec ce slam qui résonne pendant la moitié de la pièce et lui donne un rythme particulier, agencement de mots lancés qui claquent avec force et poésie.

Une bataille de slam en suivant les lettres de l'alphabet est particulièrement réjouissante, à l'image de cette pièce qui est loin d'être lourde et accablante. Le jeu clownesque y tient en effet une large part et fait souvent rigoler les jeunes spectateurs. Mention spéciale à Mélanie Raymond qui, avec son personnage de la peureuse Avalanche, fait mouche à chaque fois.

Le jeu des comédiens est cependant parfois inégal, mais tous sont physiquement très engagés et n'hésitent pas à se mettre en danger. Dommage cependant que ces prouesses masquent un arc dramatique un peu faible - il ne se passe pas grand-chose dans Nous sommes 1000, à l'image d'un après-midi de glandage. Ce n'est pas grave en soi, mais l'absence de tension fait baisser un peu l'intérêt dans la dernière partie.

On ressort malgré tout électrisé de cette pièce qui s'adresse aux jeunes de 10 ans et plus. Ceux-ci y trouvent, assurément, une énergie contagieuse, et peut-être quelques échos à leurs états d'âme.

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À la Maison Théâtre jusqu'au 28 février.