Chacune des créations du Théâtre de la Pire Espèce est très attendue du milieu théâtral autant que des critiques. Il n'est pas inopportun de le souligner.

Avec leur habituelle folie créative et leur humour absurde juste assez grotesque, Olivier Ducas et Francis Monty nous narrent depuis 15 ans des histoires extraordinaires avec leurs mallettes remplies d'objets insolites. Des pièces «tous publics» capables de charmer autant le jeune public que les adultes.

D'Ubu sur la table à Roland, la vérité du vainqueur, en passant par Léon le nul et Persée, le duo nous a offert des pièces regorgeant de trouvailles scéniques brillantes. Pas plus tard qu'au printemps dernier, il nous a de nouveau éblouis avec ses plus récentes créations: Villes et Petit bonhomme en papier carbone.

D'où notre surprise totale en sortant de la première représentation de Futur intérieur, qui fait chou blanc.

Un spectacle incohérent, décousu et assommant. À conjuguer au passé.

La prémisse s'inscrit pourtant parfaitement dans la logique de ces maîtres de l'absurde. Trois astronautes sont envoyés dans «l'hyperespace» à partir de leur base de Sutton (dans les Cantons-de-l'Est) pour explorer les confins de l'espace et pour réparer des anomalies dans les réseaux de communication.

Une façon, croyait-on, de jeter un regard satirique sur les pauvres Terriens que nous sommes, englués dans notre individualité. Prisonniers des labyrinthes que nous avons construits.

Leur départ en fusée, laquelle est représentée par un Thermos, donne le ton, mais la suite se gâte très vite et Futur intérieur a tôt fait de nous semer dans un récit sans queue ni tête, qui ne parvient jamais à circonscrire son sujet. On se trouve face à un objet non identifiable, où les trois comédiens s'affairent à tuer le temps et à voler le nôtre.

Cette fois, les deux fondateurs de la Pire Espèce, Olivier Ducas et Francis Monty, ont fait équipe avec le comédien Mathieu Gosselin (du Théâtre de la Banquette arrière), qui est également l'un des trois interprètes de Futur intérieur (avec Étienne Blanchette et Alexandre Leroux). Cette nouvelle collaboration, manifestement, a été infructueuse.

Le point culminant de cette odyssée? Au cours de leur virée dans l'espace, nos astronautes ­ - qui s'appellent tous les trois Robert - feront la découverte d'une matière vivante. «Une bactérie qui s'immisce à l'intérieur de la pensée et qui a pour effet de poétiser le langage du porteur», peut-on lire dans le programme.

Il y a bien quelques éléments de la scénographie qui font sourire, comme ce vélo stationnaire qui sert de véhicule spatial, mais ces petits clins d'oeil ne servent ni un propos ni une histoire. De toute évidence, il vaut mieux faire comme si on n'avait rien vu et passer à autre chose. En espérant que nos valeureux artistes nous reviennent avec une proposition digne de leur talent.

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Jusqu'au 13 décembre Aux Écuries.