Les Tiger Lillies sont de retour à Montréal, avec leur interprétation punkifiante de Hamlet. Trois musiciens et seulement cinq comédiens. Puristes de Shakespeare, s'abstenir!

Après 25 ans d'existence, les Tiger Lillies mordent toujours autant. Ils ont lancé deux nouveaux spectacles en 2014, dont un hommage à Édith Piaf, Songs from the Gutter, présenté tout récemment à Paris, et les revoici à Montréal - trois ans depuis leur passage à l'Usine C - avec Hamlet, une collaboration avec le Théâtre République de Copenhague, qui roule depuis deux ans déjà. 

Mais attention, les fanas du prince du Danemark pourraient toutefois trouver le temps long devant l'interprétation que fait le trio britannique du drame shakespearien. Le spectacle a des allures de cabaret mi-punk, mi-brechtien, la musique étant grandement inspirée de celle de Kurt Weill, le grand complice de Bertolt Brecht.

«Il n'y a que 5 % du texte original de Shakespeare dans le spectacle», indique Martyn Jacques, des Tiger Lillies, en entrevue téléphonique depuis New York, où le groupe s'est arrêté en tournée. 

«Les puristes, poursuit-il, n'aiment pas généralement que l'on modifie Shakespeare. Mais il est agréable de sortir Hamlet des clichés aussi et c'est ce que nous faisons avec cette relecture.»

Le chanteur, accordéoniste et pianiste croit, toutefois, à l'inspiration et à l'émulation artistiques. Il avoue avoir fait le plein avec ce drame universel et intemporel que reste Hamlet

«J'ai écrit 60 chansons inspirées de la pièce, dit-il. Avec le metteur en scène, nous en avons gardé 20, finalement. Il s'agit d'une approche plus émotive, moins intellectuelle du personnage. Ça marche bien avec Brecht aussi. C'est peut-être la pièce la plus allemande de Shakespeare.»

Narrateur

Martyn Jacques agit un peu comme le narrateur de la pièce. Ses chansons s'offrent, par ailleurs, une lecture tout à fait tigerlilliesque de Hamlet.

«C'est une pièce sur la trahison et la vengeance. Hamlet n'est pas quelqu'un qui avait le pardon facile. En fait, il a tout bousillé. Quand on se trouve dans une mauvaise passe, comme lui, la meilleure chose à faire est de s'enfuir», affirme Martyn Jacques.

Ses deux collègues musiciens - Adrian Huge, percussions, et Adrian Stout, contrebasse - et lui interagissent sur scène avec cinq comédiens et danseurs du Théâtre République de Copenhague, dirigés par le metteur en scène Martin Tulinius, à qui revient l'idée de cette pièce de théâtre musical.

Tournée

Créé en 2012 au Danemark, le spectacle a tourné en Europe avant de venir dans les trois pays d'Amérique du Nord.

«Nous sommes très satisfaits jusqu'ici. Les critiques sont bonnes. Nous avons joué à Mexico dans une superbe salle de music-hall qui s'appelle le Froufrou», raconte le chanteur à la voix de fausset. 

Ce Hamlet met en scène du théâtre, de la musique, des marionnettes géantes et même du cirque. Et une scénographie, apprend-on entre les branches, spectaculaire.

«Je ne devrais pas vous dire ça, dit Martyn Jacques, mais on ne peut pas présenter la pièce n'importe où. Nous avons besoin d'une salle solide parce que le décor s'effondre complètement. C'est impressionnant.» 

Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume du Danemark. 

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Hamlet est présenté à la Cinquième Salle de la Place des Arts, du 12 au 18 novembre.