Télévision, cinéma, radio, théâtre, voix... Alexis Martin passe avec aisance d'un univers à l'autre. Très jeune, il a retenu ce conseil que lui a donné le regretté Jean-Louis Millette: «Si tu veux durer dans ce métier, tu as besoin d'être très, très polyvalent.»

Alexis Martin est un solide comédien avec 30 ans d'expérience. Toutefois, son expérience est inversement proportionnelle à la grosseur de ses cachets. «Je constate une chose avec d'autres collègues, bien que ce ne soit pas scientifique ou empirique comme observation: plus j'avance dans le métier, moins j'ai de marge de manoeuvre pour négocier. Avec le temps, les cachets sont moins généreux. Les producteurs nous disent tous qu'ils sont pris à la gorge! Et je les crois.»

En considérant l'augmentation du coût de la vie, le comédien estime qu'il était mieux payé dans les années 90... qu'en 2014! Pourtant, Alexis Martin a de la chance. Il est demandé pour des rôles à la télé et ailleurs, en plus d'être à la tête d'une compagnie de théâtre expérimental (le NTE) avec Daniel Brière.

En sortant du Conservatoire, à l'instar des jeunes diplômés de sa classe, Alexis Martin n'avait pas l'ambition de jouer à la télévision. «J'étais heureux de faire seulement du théâtre, dit-il. Or, à partir de 30 ans, si un acteur veut avoir une famille, il doit faire plusieurs choses pour gagner sa vie. Sinon, il devient un ascète.»

Selon lui, l'argent, c'est beau, mais ça ne permettra pas aux acteurs de se consacrer au théâtre. «On peut parler d'argent tant qu'on veut, mais l'art est tributaire du public. Il faut le renouveler en habituant les élèves à fréquenter les salles de théâtre. Le chantier de l'avenir au Québec, c'est le maillage entre le réseau scolaire et la culture.

«Le gouvernement a tout à gagner, car il subventionne à la fois l'éducation et la culture. Si le gouvernement veut capitaliser son investissement avec les artistes, il doit intéresser les jeunes à la culture», conclut le comédien et père de famille.