Si René-Daniel Dubois (RDD) loue le travail du metteur en scène Frédéric Blanchette, qui pilote la reprise de sa pièce Being at home with Claude au TNM, il en est autrement du théâtre québécois d'aujourd'hui. Un théâtre «qui n'a plus aucun écho dans la société», selon lui.

Dans le programme du TNM, le dramaturge va jusqu'à dire que son rapport au théâtre est mort. «Quand je considère l'activité théâtrale au Québec en ce moment, j'ai l'impression de visiter le village fantôme de Val-Jalbert, dit-il. Il ne reste que des ruines du dynamisme théâtral et de son impact social d'il y a 30 ans.»

«Je ne parle pas du talent des gens qui font du théâtre, a tenu à préciser RDD au cours d'un entretien avec La Presse. Je ne parle pas non plus de leurs motivations. Ce dont je parle, c'est de la place du théâtre dans notre société. Aujourd'hui, le théâtre est une affaire de sous-sol.

«Avant, tu pouvais rentrer dans un café et tu étais sûr d'attraper au moins une ou peut-être trois conversations sur le théâtre. Du monde ordinaire. Ça n'existe plus.»

Un des coups de grâce que le théâtre a reçus, selon RDD, c'est «la politique de 1990 des libéraux fondée sur l'idéologie qu'il fallait que ça rapporte», dit-il. «Le naufrage de Radio-Canada, la disparition de la Chaîne culturelle, le fait qu'il n'y a plus d'émission culturelle et que les médias accordent une place mineure au théâtre en sont la preuve.»

La perte du sacré

Dans le programme du TNM, RDD en rajoute: «Cette indifférence de la société a affecté les artistes qui n'ont plus de considération pour ce qu'ils font. Ils ont perdu le sacré.»

«Je pense qu'il y a des choses que les gens attendent des artistes et qui ne reçoivent pas de réponses, explique le dramaturge. Dites-nous ce qui vous motive. Qu'est-ce que vous avez dans les tripes?»

En même temps, RDD avoue qu'il ne fréquente plus les théâtres depuis une dizaine d'années, même s'il dit voir des pièces «à l'occasion».

«La chose la plus terrible, c'est le silence, conclut-il. Et je pense que ça va en s'aggravant. Dans 35, 40 ans, les gens ne se souviendront plus qu'il y a déjà eu du théâtre de création à Montréal! Dans 35 ans, il y aura des comédies musicales, de la danse à claquettes, du cirque en masse, mais du théâtre de création, non.»