Originaire de Québec, Pierre-François Legendre souhaite avoir trouvé sa «famille théâtrale montréalaise» chez Duceppe. Après une pièce de Michel Tremblay, le comédien joue dans une deuxième création québécoise pour la compagnie, aux côtés de son directeur artistique, Michel Dumont.

Acteur polyvalent à la télévision et au cinéma, homme comblé, heureux dans son mariage et sa famille, Pierre-François Legendre est parfois en manque! Alors, sa femme lui laisse ses soirées libres, pour cinq ou six semaines, afin qu'il puisse renouer avec sa drogue...

«J'ai besoin de monter sur les planches. Avant de déménager à Montréal, je faisais beaucoup de théâtre à Québec. J'ai joué dans une douzaine de productions (à la Bordée, au Trident, au Périscope) avant Québec-Montréal, en 2002. À mes yeux, peu de choses équivalent à l'adrénaline, au thrill et au plaisir d'être sur scène. Si, certains soirs, ça me tente moins de partir de chez moi, dès que je mets le pied sur la scène, le bonheur revient automatiquement.»

Découvrir Cyrano!

Pierre-François Legendre a grandi à Sillery, dans une famille typiquement "haute-ville". Père avocat, frère avocat, mère qui travaillait dans un bureau... d'avocats, Legendre se dirigeait naturellement vers une carrière en droit. Jusqu'au jour où son père lui fait lire la pièce Cyrano de Bergerac. Il découvre alors la beauté et le pouvoir des mots. Et l'adolescent, intimidé par les filles, se met à lire, à voir et à jouer du théâtre.

Au Collège Saint Charles Garnier, à 17 ans, Legendre se joint à une troupe de théâtre étudiant avec, entre autres, Hélène Florent, Catherine Allard et Sébastien Ricard. Les interprètes en herbe font appel à la comédienne et metteure en scène Marie-Josée Bastien (qui vient à peine de terminer sa formation au Conservatoire) pour les diriger.

«C'est Marie-Josée qui m'a donné la piqûre, se souvient Legendre. Elle m'a même appris l'existence du Conservatoire de Québec! Et j'ai décidé de m'inscrire.»

Quinze ans plus tard, le métier l'a comblé. Si son rêve de jouer Cyrano ne s'est pas encore réalisé (ironie du sort, c'est son ami de Québec, Patrice Robitaille, qui va interpréter ce rôle énorme, l'été prochain, au TNM), l'acteur tire bien son épingle du jeu. On le voit depuis 10 ans dans la populaire émission de VRAK.TV Il était une fois dans le trouble. Dès janvier, il fera partie de Subito texto, la nouvelle émission jeunesse de TéléQuébec qui remplacera Tactik.

Deux ans après avoir dirigé le show des Denis Drolet, Legendre signe la mise en scène du nouveau spectacle de l'humoriste Mario Jean, actuellement en rodage et présenté à Montréal en avril 2014.

Parti pris

Or, avant tout, on ira le voir au Théâtre Jean-Duceppe dans La traversée de la mer intérieurede Jean-Rock Gaudreault, aux côtés de Michel Dumont, Pauline Martin et Marc Legault, dans une mise en scène de Monique Duceppe.

Legendre incarne un stratège politique montréalais qui travaille pour un parti souverainiste en pleine campagne électorale. Le jeune homme débarque à Roberval, dans la circonscription de Rosaire Bouchard, un vieux routier du parti originaire du Lac-SaintJean (Michel Dumont), qui, veuf depuis peu, a décidé de se représenter pour la énième fois aux élections.

«C'est la permanence du parti qui envoie mon personnage dans le comté du vieux député, en principe pour l'aider, mais en réalité pour le débarquer; car il a peu de chances de gagner, explique Legendre. Bien que son parti soit souverainiste, on ne sait pas trop vers quel camp il penche vraiment. Il pourrait travailler autant pour les péquistes que les conservateurs. Il est compétitif, carriériste, et il ressemble à bien des gars de ma génération.»

Dans une mise en garde au début de sa pièce, l'auteur dédie La traversée de la mer intérieure à la classe politique québécoise: «Nous, dramaturges, avons ceci de commun avec les politiciens que nous montons à la tribune pour défendre des idées. Il existe une parenté entre ceux qui s'offrent au jugement du public.»

«La pièce de Jean-Rock est une belle vulgarisation de la chose politique, conclut Legendre. Elle possède plusieurs couches. Outre la politique, on trouve l'amour, la désillusion, la vieillesse, le rêve. Rosaire sait bien que son rêve de voir un Québec indépendant ne se réalisera pas de son vivant. Or, il refuse de cesser d'y croire. Contrairement à mon personnage, Rosaire se donne la permission de rêver et d'aimer.»

Du 30 octobre au 7 décembre, au Théâtre Jean-Duceppe.