«L'Italie est comme une personne: elle a besoin de ses deux mains, la gauche autant que la droite», lance un protagoniste de La Resistenza. Or, au fil du temps, le pays de Mussolini a souvent favorisé l'une au détriment de l'autre. C'est du moins l'angle proposé par Olivier Kemeid et le Théâtre de l'Opsis dans leur dernière création, à l'affiche de la Cinquième Salle. Un montage construit à partir de textes de plusieurs écrivains italiens à travers les siècles. Un spectacle qui nous donne un cours d'histoire de l'Italie, en huit actes et 80 minutes, tout en nous divertissant.

Le matériel dramaturgique compilé par Kemeid met de l'avant le thème de la résistance aux forces réactionnaires. Une résistance aussi nécessaire que périlleuse dans un pays marqué, à travers les âges, par la violence et la passion, l'amour et la trahison, la foi et la corruption.

La prose de Primo Levi, d'Elsa Morante, de Cristina Alziati se mêle à des textes anciens (une lettre de Pline le Jeune sur l'éruption du Vésuve et la destruction de Pompéi). Les textes sont engagés mais aussi poétiques (Pasolini, Erri De Luca). On rappelle la résistance au fascisme italien, la marche sur Rome. Et d'autres événements plus récents: le tremblement de terre de L'Aquila en 2009, la mort de Carlo Giuliani tué par balle lors d'une manifestation durant le G8 à Gênes. On rejoue même la scène de la fête décadente dans La Dolce Vita de Fellini!

Machisme et déchéance

Bref, on ratisse large, sans que le lien entre les événements ne soit évident ni toujours heureux. Kemeid et la metteure en scène Luce Pelletier ont aussi intégré des propos de l'ineffable Silvio Berlusconi. Il s'agit même d'un filon de la pièce. Les citations de l'homme politique - toutes plus bêtes les unes que les autres - reviennent ici et là, comme pour illustrer que la déchéance, le machisme et le culte de la personnalité ne sont pas disparus avec la fin de la dictature et la mort du duce.

La Resistenza est portée avec un bel enthousiasme par les six interprètes: Jean-François Casabonne, Monique Spaziani, Olivier Morin, Sharon Ibgui, Morena Prats et David Strasbourg. Ils exécutent tous leur partition avec brio et sensibilité.

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À la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu'au 19 octobre.