«Le théâtre québécois de langue française, à l'heure actuelle, n'est pas assez diversifié, affirme le directeur général de l'École nationale de théâtre (ENT), Simon Brault. Ni dans son public ni sur ses scènes ni parmi ses créateurs ou ses auteurs. Cet été, on a cherché un moyen de faire quelque chose de positif pour assurer l'avenir du théâtre. Pour faire en sorte que le théâtre québécois en français intéresse une plus grande partie de la population.»

Depuis mercredi dernier, l'École nationale de théâtre offre donc un stage d'interprétation à 16 jeunes de diverses origines. Un projet baptisé Horizons diversité.

Ce sont des Québécois d'origines haïtienne, congolaise, péruvienne, roumaine, chinoise ou amérindienne, tous mordus de théâtre. Ils ont passé les derniers jours avec des professeurs - comédiens et metteurs en scène - de l'ENT, qui les ont initiés à la formation d'acteur. Un projet financé par l'école dans l'espoir de diversifier sa clientèle étudiante.

«On sait que l'École nationale de théâtre est une institution qui peut être intimidante, indique Simon Brault. On reçoit chaque année 1200 candidatures et on ne retient que 60 personnes... Ce qu'on veut envoyer comme message, c'est que ce métier est possible pour les jeunes, quelles que soient leurs origines. On veut démythifier la formation d'acteur et leur dire que c'est aussi pour eux. On voudrait que notre clientèle soit plus représentative de la diversité montréalaise.»

Est-ce que la culture identitaire québécoise est un obstacle à leur intégration? «Ce n'est pas nécessairement un obstacle, répond Simon Brault. C'est sûr que l'affirmation nationale au Québec est passée par le théâtre, plus qu'au Canada anglais. Mais on réalise aujourd'hui que l'affirmation identitaire des Montréalais qui ont 15 ans passe par de nouveaux rapports avec des gens de toutes origines. Le théâtre a besoin de ça.»

Durant le stage de quatre jours, le comédien d'origine iranienne, Mani Soleymanlou, a rencontré les 16 jeunes participants âgés de 18 à 23 ans au cours d'une discussion vendredi midi dernier. 

«Ils ont des craintes, c'est sûr, nous dit le comédien diplômé de l'École nationale en 2008. Je pense que c'est important pour eux de rencontrer quelqu'un qui a réussi à exercer ce métier-là. Pour leur montrer que le théâtre est avant tout un art qui s'apprend, et qu'on peut pratiquer peu importe notre origine ethnique.»