Ils jouent la comédie aux quatre coins de la province tout en savourant les plaisirs de l'été. Chaque lundi, La Presse propose un questionnaire estival avec un acteur du théâtre d'été. Voici le huitième d'une série de neuf.

Malgré le succès de la comédie Le prénom, l'actrice Isabelle Vincent a le temps de plonger dans des textes de philosophie et de nous recommander ses coups de coeur.

Q: Un film que vous ne raterez pour rien au monde cet été?

R: Je n'ai pas eu encore le temps, mais j'ai hâte d'aller voir mon voisin, Antoine Bertrand, dans le film Louis Cyr.

Q: Vos lectures d'été?

R: J'ai deux axes de lecture. Comme lecture d'été, je suis plutôt polar. J'adore les romans d'Henning Mankell, qui est surtout connu pour sa série des «Wallander». Mais il y a aussi une autre facette de cet écrivain, plus sociale et humaniste, avant les années 90 et l'inspecteur Wallander. J'ai aussi commencé Une fille, qui danse de Julian Barnes, le Booker Prize de 2011.

Mon deuxième volet de lecture est plus sérieux. Je me fais, chez moi, des cours autodidactes en philosophie. J'ai suivi sur l'internet un cours de Michel Foucault qu'il a donné au Collège de France, en 1984. Fascinant! Je lis aussi des textes sur le déconstructivisme de Jacques Derrida. Enfin, j'adore la philosophe américaine Judith Butler. C'est l'auteure de Sexualités, genres et mélancolie (qui a fondé les queer et gender theories). On peut trouver sur la Toile des textes de ses discours, dont Vie précaire. Les pouvoirs du deuil et de la violence. En résumé, Judith Butler avance que les humains sont tous responsables les uns des autres; parce que nous sommes, en tant qu'êtres humains, tous vulnérables.

Q: Revenons vers un axe plus léger... Quel est votre souvenir d'été inoubliable?

R: J'en ai beaucoup. Très jeune, j'allais avec ma famille en camping dans un State Park à Myrtle Beach, en Caroline-du-Sud. Une année, on a eu un problème de voiture. Mon père a demandé à un voisin du camping de l'aider. Notre famille s'est liée d'amitié avec lui, sa femme et ses deux filles. L'été suivant, j'ai pris pour la première fois l'avion, à 9 ans, seule avec ma soeur, pour visiter cette famille américaine. La grande aventure [rires]!

Des années plus tard, avec mes enfants, j'ai refait des voyages de camping sur la côte est des États-Unis. Des voyages qui nous ont procuré des souvenirs impérissables!

Q: Un drink à essayer durant l'été?

R: J'ai essayé un nouveau gin fabriqué au Québec et aromatisé au... panais: le Piger Henricus. Et j'aime bien la Glutenberg, une bière sans gluten à base de millet qui est très bonne et digeste.

Q: Vous avez une oasis urbaine, un jardin secret?

R: Le coin jardin à la maison parmi notre (mini) champ de lavande. Avec mon chum (le réalisateur Claude Desrosiers), on a fait rénover notre maison, il y a deux ans. C'est une amie architecte (Nathalie Dionne) qui a supervisé les travaux. Ma maison, dans Villeray, c'est à la fois mon chalet, mon bureau et ma résidence. Je fais tout chez moi et j'adore recevoir.

J'aime aussi monter le mont Royal à vélo le soir, avant le coucher de soleil. C'est comme si la montagne s'apaise à la fin du jour...

Q: Une chanson qui rime avec les vacances?

R: Hotel California des Eagles. Parce qu'à 17 ans, j'ai participé à un programme d'échanges en Californie, avec des étudiants de partout dans le monde. À la fin du programme, on est parti en bus trip de la Californie à New York. Hotel California était le tube de l'été et on le chantait constamment à bord de l'autobus.

Q: Une escapade en amoureux?

R: Mon chum a étudié en cinéma à New York. On aime toujours revoir Manhattan en amoureux.

Q: En voyage, je ne pars jamais sans...

R: Un bon guide de voyage [rires]. J'aime bien les Guides Routard, qui ne sont plus aussi «sac à dos» qu'avant. Et les Gallimard, avant de partir, pour préparer mon voyage.

Q: Cet été, vous jouez pour une deuxième saison dans la pièce produite par Juste pour rire, Le prénom, avec Christian Bégin, Patrice Robitaille, Gabriel Sabourin et Catherine-Anne Toupin. Qu'est-ce qui explique son succès?

R: À la base, le texte. C'est extrêmement bien écrit et bien construit. À partir d'une idée simple, on va de surprise en surprise. Les auteurs ont fait une pièce qui touche tout le monde. Il y a aussi le non-dit qui se révèle à l'intérieur d'un couple qui croyait bien se connaître, la joute verbale et d'autres éléments, comme l'adaptation de Maryse Warda, la direction de Pierre Bernard et la mise en scène de Serge Denoncourt.

C'était la première fois que je travaillais avec Serge Denoncourt; j'espère pouvoir retravailler avec lui bientôt. C'est un excellent directeur d'acteurs, et aussi un créateur à l'aise avec tous les styles.

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Le prénom, jusqu'au 24 août, au Théâtre Juste pour rire Bromont.