Après avoir longtemps joué au théâtre et à la télévision, Michel Poirier a réorienté sa carrière vers la mise en scène depuis quelques années. Avant d'ouvrir la saison chez Duceppe avec La Vénus au vison, il dirige deux pièces cet été et répond à nos questions.

Q - Le livre que vous lisez actuellement?

R - Je suis en train de lire À moi seul bien des personnages, dernier roman de John Irving. L'auteur du Monde selon Garp traite ici du désir, du rapport masculin-féminin, de l'identité sexuelle, plus précisément des sexualités différentes. C'est une histoire d'amour tourmentée, drôle et touchante.

Q - Le dernier film que vous avez vu?

R - Contrairement aux critiques, j'ai aimé la comédie de Pedro Almodóvar Les amants passagers. J'aime d'amour Almodóvar; son univers, ses acteurs, sa sensibilité. Bien sûr, je sais bien que ce n'est pas son meilleur film. Loin de là! Mais je me suis laissé avoir, tout en sachant que je ne regardais pas un grand Almodóvar.

Les artistes vivants qui ont fait des chefs-d'oeuvre (comme lui, Roman Polanski et Woody Allen au cinéma, ou Michel Tremblay au théâtre) sont souvent condamnés à toujours refaire des chefs-d'oeuvre après. Les gens n'acceptent pas de les voir signer des oeuvres moyennes.

Q - Votre drink estival?

R - Un bon Spritzer avec du vin rosé dilué avec du club soda et des glaçons. Ça me permet de prendre l'apéro dans mon jardin avant 5h [rires]...

Q - En voyage, je ne pars jamais sans...

R - Des livres et mon iPod.

Q - Qu'est-ce vous écoutez dans votre iPod?

R - Le nouvel album de Vanessa Paradis, Love Songs, qu'elle a fait avec Benjamin Biolay. Certaines chansons ont des harmonies et des mélodies qui me font penser aux Beatles. C'est un grand album! Il y a aussi du Daft Punk, du Justin Timberlake ainsi qu'une compilation de musique instrumentale: Paris Bar and Buddha Lounge. Mais j'aime aussi écouter de vieux standards d'Engelbert Humperdinck que je chante - à voix haute - quand mon chum est là... What Kind of Fool I am!

Q - Depuis près de 10 ans, vous ne jouez plus au théâtre ni à la télévision. Ça vous manque?

R - Ah non, pas du tout! Comme metteur en scène, je suis vraiment à ma place dans la vie! Avec mes derniers rôles, je m'intéressais davantage à l'ensemble de la production qu'à mon personnage. Quand j'avais terminé, au lieu de me retirer, je restais dans la salle de répétitions pour regarder et écouter mes camarades travailler. Je faisais une mise en scène dans ma tête, sans le savoir. Ça germait en moi... Mais je n'avais pas d'occasion.

Un jour, Serge Denoncourt m'a appelé pour me demander si je voulais être son assistant pour la création d'un spectacle d'Arturo Brachetti, à Paris. Il s'excusait de ne pas m'offrir un rôle. Or, j'ai tout de suite accepté. Durant les répétitions avec Serge, j'écrivais des notes et lui donnais parfois des conseils. C'est Serge qui m'a encouragé à me lancer dans la mise en scène.

Q - Maintenant que vous êtes de l'autre côté de la scène, comment le metteur en scène voit-il les acteurs qu'il dirige?

R - Je les regarde avec amour. Selon moi, la plus grande qualité d'un comédien, après la rigueur, c'est l'abandon, ce qui reste aussi l'une des plus belles qualités de tout être humain en général. Or, pour s'abandonner et se surpasser, un acteur doit être convaincu qu'un metteur en scène l'aime.

Q - Votre première pièce de théâtre d'été?

R - J'ai commencé [comme beaucoup de jeunes acteurs] au Patriote à Sainte-Adèle. Je jouais aux côtés de Michel Forget et de Christiane Pasquier dans Sans rancune aucune. On a fait 108 représentations en incluant la tournée.

Plus tard, en 1999, j'ai joué au Théâtre du Chenail-Du-Moine avec Pauline Martin et Jean-Guy Viau qui tenaient les rôles principaux. Je jouais un petit rôle de composition. Or, un après-midi, Jean Guy Viau a été hospitalisé d'urgence. On a su qu'il ne pouvait pas se présenter 10 minutes avant le début; et il y avait 900 personnes dans la salle! J'ai accepté de le remplacer. C'est ça, se lancer dans le vide!

Q - En plus de Femme cherche homme désespérément de Carole Tremblay, vous signez une nouvelle mise en scène à Beaumont-Saint-Michel avec le duo d'actrices Linda Sorgini et Danielle Proulx. Parlez-nous de la pièce d'Isabelle Mergault.

R - J'ai vu cette comédie lors d'un séjour à Paris. Ce fut un coup de foudre immédiat. Les gens aiment ça parce que c'est très moderne. C'est quand même une histoire de maîtresse et d'amant. Mais avec des téléphones intelligents et des textos au lieu des portes qui claquent...

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Femme cherche homme désespérément, au Théâtre de Sainte-Adèle. Adieu je reste, au Théâtre Beaumont-St-Michel, jusqu'au 31 août.