Ils jouent la comédie aux quatre coins de la province. Mais, à l'extérieur de la scène, ils savourent les plaisirs de l'été. Chaque lundi, durant la belle saison, La Presse propose un questionnaire estival avec une personnalité du théâtre d'été. Voici le troisième d'une série de neuf.

Devenu acteur populaire avec son rôle dans le téléroman La Petite Patrie (1974-1976), le comédien Vincent Bilodeau a (presque) toujours travaillé depuis, en plus de suivre de près la création québécoise. Le comédien de L'auberge du chien noir remonte sur scène dans la reprise du classique Douze hommes en colère au Théâtre de Rougemont. Tout en profitant de l'été dans sa petite oasis urbaine à Mont-Royal.

Q. Un récent coup de coeur au cinéma?

R. Sarah préfère la course, le premier long métrage de Chloé Robichaud avec Sophie Desmarais et Jean-Sébastien Courchesne, deux jeunes acteurs que j'ai trouvés très très bons!

Q. Qu'est-ce que vous lisez présentement?

R. Je suis dans 1Q84, un roman en trois tomes de l'auteur japonais Haruki Murakimi. Le titre fait référence au 1984 de George Orwell. Ça nous transporte dans un autre monde.

J'ai aussi une lecture de chevet: Une correspondance privée entre Lawrence Durell et Henry Miller. Deux grands écrivains et deux personnages extraordinaires. Ce livre regroupe leur correspondance quasi ininterrompue sur une période de 45 années (1935-1980). Ça mêle leçon de vie et réflexion sur l'écriture. Miller joue un peu le rôle du grand frère qui pousse Durell au travail et à la discipline. Il l'encourage à écrire. Sans Miller, il n'y aurait probablement pas eu Le Quatuor d'Alexandrie!

J'adore aussi les romans policiers du Norvégien Jo Nesbø. Avec Harry Hole, un inspecteur de la police d'Oslo qui fait des enquêtes aux quatre coins du globe. Je lis ses polars couché dans mon hamac. Dix minutes de lecture, vingt minutes de sieste, dix minutes de lecture... Le bonheur!

Q. Une musique qui rime avec l'été?

R. J'adore la musique africaine, le jazz et d'autres genres. Par exemples, les disques African Odyssey et From Congo to Cuba, un mélange de musique africaine et cubaine. J'aime ces rythmes-là. Mais je suis aussi amateur de classique. J'ai huit enregistrements différents de La chaconne, une pièce pour violon de Bach, que j'écoute en boucle été comme hiver.

Q. Vous pratiquez un sport?

R. Le tennis. Deux à trois heures par jour, tout l'été. C'est une passion!

Q. En voyage, vous ne partez jamais sans...

R. Mon iPod et des livres. J'ai toujours une valise de vêtements et une valise de livres.

Q. Un (beau) souvenir d'été?

R. Tous mes souvenirs d'enfance à Berthier-sur-Mer, près de Montmagny. Les soupers en famille (on était cinq enfants) dans la maison de mon grand-père sur le bord du Saint-Laurent. La maison a été bâtie sur la terre de nos ancêtres; ma soeur l'habite encore aujourd'hui. Je me baignais dans le fleuve. Je faisais les foins avec mon oncle sur sa terre voisine.

Q. La chose la plus remarquable qui (vous) est arrivée au théâtre en été?

R. J'ai subi une commotion cérébrale quelques secondes avant d'entrer en scène et j'ai joué quand même toute la pièce! C'était au bateau-théâtre L'Escale, dans Les mensonges de papa, avec Janine Sutto, Mireille Deyglun, Richard Blaimert. Je devais arriver sur scène avec des verres fumés, parce que mon personnage avait passé une nuit blanche et il voulait cacher ses yeux. Trente secondes avant le début, je réalise que j'ai oublié de mettre mes lunettes. Je cours vers les loges et... bang! Je fonce tête première dans un «beam» d'acier. J'ai pu récupérer mes lunettes et retourner sur scène. J'ai joué 30 minutes sans avoir conscience de rien! Je disais mon texte, mais je n'étais pas là! À l'entracte, j'ai eu mal au coeur. Quand Janine a appris ce que j'avais eu, elle m'a dit: «Ah! Je trouvais que tu jouais très lentement. Je pensais que tu voulais essayer quelque chose!»

Q. Dès vendredi, vous reprenez votre rôle du juré numéro 3 dans Douze hommes en colère de Reginald Rose.

R. Oui. Cette pièce-là est, à mon avis, un chef-d'oeuvre moderne! Elle va encore être produite dans 40 ans, 50 ans. Pourquoi? Parce que les caractères, les types humains sont tellement vrais et complémentaires. De plus, l'intrigue, les conflits et les enjeux sont mémorables.

À Rougemont, durant l'été, on va fêter la 200e représentation de cette production mise en scène par Jacques Rossi. J'ai dit aux acteurs de Broue: attachez vos tuques les gars, les Douze hommes arrivent et on va battre votre record! [rires]

Douze hommes en colère au Théâtre de Rougemont, du 5 juillet au 17 août.