C'est le défi annuel des fondateurs du Petit Théâtre du Nord: jouer dans une création écrite expressément pour eux.

On a ainsi pu voir les quatre comédiens, Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Sébastien Gauthier et Mélanie St-Laurent, qui sont aussi des couples dans la vie, dans Les orphelins de Madrid (Sarah Berthiaume), Mélodie dépanneur (Mathieu Gosselin), Sac à sacs (Jean-François Nadeau), La corde au cou (Fanny Britt), ainsi que dans une dizaine d'autres pièces.

Cette fois, c'est à l'auteur de La société des loisirs et des Frères Laforêt qu'ils s'en sont remis. François Archambault leur a écrit une histoire en pièces détachées: une douzaine de saynètes entrecoupées de courts monologues. Mais toujours sur le même thème: la vie parentale. L'auteur et comédien Frédéric Blanchette, qui a monté le fameux Cheech de François Létourneau, a hérité de la mise en scène.

Le rôle du parent

«C'est une pièce qui aborde le rôle du parent aujourd'hui, détaille-t-il. De la complexité et de l'absurdité d'être parent. Avec tout ce qu'on sait sur les risques, la santé, la nutrition et surtout l'hyperconscience de ce que l'on veut transmettre (ou non) à nos enfants. Comme le titre l'indique, on a essayé de faire ressortir le côté enfantin des parents devant les problèmes qu'ils rencontrent ou les questions qu'ils soulèvent.»

Toutes ces courtes pièces partent de situations assez réalistes. Yves veut élever son enfant dans un monde non violent. Pauline se questionne sur la famille idéale. Hélène et Sylvain se demandent s'ils doivent corriger les erreurs langagières de leur enfant. Francine et Georges cherchent l'origine des poux de leur garçon. Un autre couple, Marie-Josée et Robert, songe même à se débarrasser de ses enfants.

Toutes les scènes finissent par dégénérer...

«François nous tend un miroir qui est légèrement déformant, mais où tout le monde peut se reconnaître, croit Frédéric Blanchette. La déformation est sournoise. Elle ne survient jamais au moment où on l'attend. C'est un théâtre qui est près des gens. En même temps, il sait basculer dans la fiction et dans l'absurde. Il part de situations quotidiennes, mais il les pousse dans des situations extrêmes.»

Frédéric Blanchette, qui a mis en scène L'obsession de la beauté l'automne dernier à La Licorne, admet avoir travaillé fort pour relier les scènes entre elles. «On a travaillé avec la scénographe Geneviève Lizotte pour faire en sorte que le monde de l'enfance submerge tous les personnages. J'ai fait la trame sonore avec Yves Morin. Encore là, on baigne dans le monde de l'enfance avec des sons de xylophone et de flûte.»

«Ce qui relie toutes ces scènes? C'est un ton, répond Frédéric Blanchette. Celui de François, qui est difficile à cerner, mais que j'aime beaucoup. À la première lecture, on se dit que c'est une comédie, puis on se dit qu'il y a quelque chose de tragique là-dedans. Et puis parfois, ça prend la forme d'un plaidoyer où il dénonce des situations. Et puis, on se redit: mais non, c'est une comédie...»

Alors, à la fin de cette aventure, Enfantillages donne-t-il envie d'avoir des enfants ou non? «Oui, étonnamment. C'est un bel acte d'amour envers les enfants. Il y a beaucoup de tendresse dans le texte de François. Et puis le fait de côtoyer quatre comédiens qui ont des enfants et d'être exposé à leur quotidien, ça nous a fait faire un petit voyage dans le monde de l'enfance.»

Du 7 au 25 mai à La Licorne.