Pour qu'une hypnose fonctionne, il faut que la personne visée veuille se faire hypnotiser, dit en substance le personnage de Prince dans la pièce Hypno. Après avoir lu ce texte de Simon Boudreault, on a cru à cette histoire abracadabrante. On a voulu embarquer dans le jeu de ce Messmer sans scrupules, mais la magie n'a tout simplement pas opéré. Malgré toute notre confiance, l'exercice d'hypnose n'a pas eu lieu.

Il faut le dire, la nouvelle pièce de Simon Boudreault (Soupers, D pour Dieu?) est extrêmement séduisante. Une pièce construite comme un polar, avec des retours dans le temps astucieux et ces petites saynètes qui s'emboîtent les unes dans les autres jusqu'au dénouement, spectaculaire. La pièce se démarque surtout par son propos original, avec cet hypnotiseur qui manipule ses proches... à leur demande! Et puis, ces mondes qui s'écroulent à la fin sous le poids de ces «interventions».

Il nous arrive tous d'espérer ce petit coup de baguette magique qui nous permettrait de percevoir la réalité différemment. De manière plus positive, disons. C'est là tout l'attrait de l'hypnotiseur-guérisseur. Victor aimerait donc que sa femme Rogère soit moins complexée et se trouve belle! Pourquoi ne pas l'hypnotiser?

Mais jusqu'où peut-on guider l'action des gens en manipulant leur l'inconscient?

La proposition de Simon Boudreault est porteuse. Il y a bien ici et là quelques invraisemblances, mais à certains égards, on peut considérer Hypno comme un conte. Malheureusement, sur scène, la mayonnaise ne prend pas. Les jeunes acteurs mènent cette intrigue de façon assez maladroite, notamment en appuyant sur les aspects comiques du texte.

Manque de charisme

On le sait, Martin Tremblay, qui interprète le personnage principal de Prince, a dû remplacer au pied levé son collègue Francis Martineau à moins de deux semaines de la première... Il a pourtant la tête de l'emploi, Martin Tremblay, avec son regard perçant, mais il manque de ce charisme qui fait toute la fascination de son personnage.

Ses collègues, qui sont de l'aventure depuis le début, ne sont d'aucun renfort pour lui. Au fond, il leur manquait peut-être tous quelques semaines pour peaufiner leurs rôles et leurs échanges souvent hésitants. Seule Marie-Hélène Gosselin, dans le rôle de Rogère, parvient à nous entraîner dans son drame: celui d'une jeune femme complexée qui se trouve excessivement moche.

À leur décharge à tous, le travail du metteur en scène Luc Bouffard ne les aide en rien. Les allers-retours dans le temps constituent le défi principal d'Hypno. Luc Bouffard peine à rendre fluides ces sauts, multipliant les déplacements des comédiens, les faisant parfois cohabiter à des moments inopportuns, les laissant parfois cabotiner...

Dans la salle intime du Prospero, où le spectateur est si proche de la scène, ces détails-là ne pardonnent pas.

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Au Prospero jusqu'au 6 avril