La célèbre légende adaptée par Victor-Lévy Beaulieu était sans doute une belle occasion de découvrir les soirées «comme dans l'temps» des camps de bûcherons avec ses créatures étranges et ses pactes avec le diable. Mais il y a un petit quelque chose de burlesque dans la représentation de ce conte présenté devant un jeune public multiculturel parfois médusé. Un conte écrit dans une langue colorée, mais aussi décalée, dont certains pans nous échappent.

Dès le début de la pièce, Biz, des Loco Locass, s'avance sur scène avec son chandail de hockey bleu royal, étampé d'une grande fleur de lys. Le rappeur s'adresse directement au public pour lui confier que l'auteur des contes, Louis Fréchette, est un ancêtre à lui - puisqu'il porte le nom de Stéphane Fréchette. Par la suite, Biz incarne le rôle du conteur Jos Violon, mais c'est comme si le mal était fait. On ne voit plus après que Biz.

Et il faut bien l'admettre, malgré quelques rimes efficaces, Biz, qui est presque tout le temps sur scène, n'est pas tout à fait dans son élément. Le rappeur n'a ni le talent d'acteur de son collègue Batlam (Sébastien Ricard) ni la présence et la poésie du conteur Fred Pellerin. Heureusement, il est entouré de plusieurs très bons comédiens, parmi lesquels Denis Trudel, Danny Gilmore, Mélissa Dion Des Landes et Marie-Anne Alepin, qui sauvent la mise.

Si la scénographie est vraiment géniale, avec la scène en bois inclinée vers la salle, et le canot volant découpé à même le plancher de bois, la mise en scène de Stéphane Bellavance manque de rythme. Et les acteurs, d'encadrement. Il faut dire que le texte s'étire et s'étire avant qu'il ne se passe quelque chose.

Les meilleurs moments sont assurément musicaux. Notamment grâce à la présence sur scène du comédien et violoniste Marc Angers. Tous les numéros collectifs, qu'ils soient chantés ou dansés, ont permis de donner vie à cette légende, autrement un peu rébarbative. La pièce entière aurait pu être réduite à sa plus simple expression et chantée du début à la fin, ça aurait peut-être permis au canot, avec l'aide du diable, de véritablement prendre son envol.

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La chasse-galerie, jusqu'au 26 octobre au Théâtre Denise-Pelletier.