Que diable va donc faire Biz dans le canot d'écorce de La chasse-galerie au Théâtre Denise-Pelletier? Interpréter nul autre que le célèbre Jos Violon. Le rappeur avoue que ce rôle lui en a fait ramer un coup!

Q: Comment t'es-tu retrouvé au théâtre?

R: Je suis entouré depuis très longtemps de comédiens. Batlam (Sébastien Ricard), c'est mon ami depuis toujours. J'ai assisté à ses premières pièces au cégep. J'ai beaucoup d'amis comédiens et ma femme (NDLR: Marie-Anne Alepin), qui est productrice du spectacle, est aussi comédienne. Je connais juste assez cet univers pour savoir que, moi, je ne suis pas comédien...

Il y a six mois, Marie-Anne ne trouvait pas son Jos Violon, alors elle m'a dit: toi, tu pourrais le faire. Je lui ai répondu que, pour le bien de tout le monde, elle devrait oublier ça! Mais elle m'a proposé de raconter des histoires et de chanter des chansons. Ça, je peux, parce que je le fais dans ma job. J'ai dit oui dans ces conditions-là, mais Victor-Lévy Beaulieu, qui a rapaillé le texte, ne le savait pas... Quand on a reçu la version finale, j'ai vu que j'avais des répliques en tab... Je me suis dit: OK, je plonge!

Q: Jos Violon, c'est un porte-parole, un conteur. Ce rôle ressemble-t-il à celui de rappeur?

R: Un rappeur, c'est un conteur. Il raconte des histoires aux gens qui l'entourent avec un vocabulaire contemporain et, du fait qu'il rappe, il a un ascendant par la parole sur ceux qui l'écoutent. Sur ce plan-là, le parallèle est évident.

Q: Ce n'est pas un spectacle de conte, les personnages se racontent, dites-vous. Peux-tu expliquer la nuance?

R: Ce n'est pas un spectacle comme Fred Pellerin. C'est vraiment une pièce de théâtre, qui met en scène les personnages des contes de Louis Fréchette. Il y a la famille de Jos Violon, à Lavaltrie, et, à la Rivière-aux-Rats, il y a un camp de bûcherons où les hommes rêvent d'aller se faire conter une histoire par Jos Violon. Entre les deux, il y a un trait d'union: le canot d'écorce, la chasse-galerie, qui va faire qu'ils vont se rencontrer. [...] Quand Jos Violon se met à raconter les histoires, on les vit, les acteurs les incarnent.

Q: Entre la langue de l'époque et la nôtre, il y a une marge. Quelles couleurs en avez-vous gardées?

R: Les contes de Louis Fréchette sont vraiment fidèles au parler de l'époque. Victor-Lévy Beaulieu a rajouté sa touche qui est tout à fait cohérente avec ce que Fréchette a fait. On peine à déterminer qui a fait quoi. Louis Fréchette faisait des apartés pour expliquer des choses. Ce qu'était un rastaquouère, par exemple. On s'est dit que ça n'avait pas d'allure de garder ça: c'était prendre les gens pour des caves et imaginer que le contexte ne pouvait pas faire comprendre le mot...

Quand tu vois que le gars vient de se battre avec la bête à grande queue, que sa chemise est toute déchirée, tu comprends c'est quoi «être en débriscaille». On en a conclu que la langue était extraordinaire et c'est notamment pour ça que j'ai accepté de jouer. Quand j'ai lu le texte, j'ai vraiment tripé sur cette langue colorée, riche et imagée.

La chasse-galerie, Théâtre Denise-Pelletier, du 26 septembre au 26 octobre.