Jeune acteur et  metteur en scène milanais fraîchement immigré au Canada, Alessandro Mercurio a présenté, mercredi et jeudi, dans la petite salle La Elástica du 4602, boulevard Saint-Laurent, la pièce Aquarium librement tirée de Closer, du dramaturge anglais Patrick Barber.    

Travail en quête de diffusion l'an prochain, Aquarium reprend globalement l'intrigue de la pièce de Barber. Un jeune homme, Dan (Pierre-Édouard Chomette), conduit à l'hôpital une jeune femme, Alice (Katrine Duhaime), qui vient de se faire renverser par un taxi. De cette rencontre naît un couple auquel vont se greffer deux autres personnages, la photographe Anna (Natalie Norma Fella) et le médecin Larry (Marc-André Monette).

La pièce est une succession de chassés-croisés amoureux, un mélodrame qui permet de plonger dans la psychologie de chacun des protagonistes qui connaissent tour à tour des hauts et des bas. On découvre les forces et les faiblesses des personnages, leurs aspirations, les caractères dominants, l'apparente dépendance des uns et la fausse indépendance des autres.

La pièce est jouée sur une scène cubique entourée d'une toile transparente donnant à l'ensemble des airs d'aquarium et rendant bien l'atmosphère de huis clos étouffant de deux couples en crise permanente.

Le jeu des acteurs est bien rendu, même si au début, le démarrage nous a semblé hésitant. On doit aussi s'habituer à l'accent français de Pierre-Édouard Chomette et italien de Natalie Norma Fella, cette dernière ayant parfois du mal à articuler ce qui nuit alors à la compréhension.

Mais dans l'ensemble, les quatre comédiens ont une belle aisance sur scène. Le passage où Alice retrouve son club de danseuses et fait son numéro de strip-teaseuse au médecin est très réussi. Avec son justaucorps rouge et noir affriolant, Katrine Duhaime est superbement torride, jouant à merveille une Alice coquine, immature et fragile, mais connaissant sur le bout des doigts la façon d'exciter un client.

Marc-André Monette et Pierre-Édouard Chomette maîtrisent bien leurs rôles respectifs de mâles qui se cherchent malgré une feinte assurance.

La scénographie choisie par Mercurio est sobre. Belle idée que ces trois éléments de décor (deux malles et une sorte de placard) que les comédiens déplacent tout au long de la pièce pour recréer des lieux, des déplacements qui symbolisent leur quête permanente d'un équilibre sentimental difficile à atteindre.

Par contre, le fond sonore quasi permanent, qu'il soit électronique ou classique, n'est pas toujours opportun et ajoute de la lourdeur à une ambiance qui en a suffisamment. Cette pièce sur la difficulté d'aimer, l'attirance pour l'ailleurs, la moralité, le rôle du sexe dans une relation et la notion de vérité comprend toutefois des moments comiques qui permettent d'alléger le propos.

Il demeure qu'Aquarium n'est pas une pièce facile et que le spectateur se sent parfois plutôt inconfortable. C'était l'objectif initial de Patrick Barber et la troupe rassemblée par Alessandro Mercurio a globalement réussi à nous transmettre ce malaise et à faire naître en nous bien des réflexions sur la vie d'un couple.

Présentée au milieu théâtral montréalais mercredi, la pièce sera peut-être rejouée l'an prochain dans une autre salle montréalaise.