La comédienne Sophie Cadieux entame sa deuxième année de résidence à Espace GO avec un parcours déambulatoire conçu pour un spectateur. Un parcours expérimental décliné en huit stations, qui s'intéresse à notre rapport à l'intime. Mis en espace par Alexia Bürger.

L'an dernier, Sophie Cadieux voulait questionner le regard des autres sur soi, à travers des personnages stéréotypés comme Blanche Neige et la Belle au bois dormant. Cette fois, avec Alexia Bürger, elle s'intéresse au regard que l'on porte sur soi-même. Un regard parfois beaucoup plus «impitoyable» selon elle. D'où ce parcours déambulatoire, qui accueille un spectateur à la fois dans les pièces d'un appartement - une chambre à coucher, une salle de bains, un bureau, etc.

«Le spectateur est projeté dans un espace intime, celui d'un appartement, qui est souvent notre rempart personnel avant d'affronter le monde extérieur, explique Sophie Cadieux. J'interagis avec eux, mais il n'y a pas d'espace de conversation. Je veux que ça reste du théâtre. Je ne joue pas ma vie, ce n'est pas de mon intimité qu'il est question, mais je m'amuse à brouiller un peu les cartes. On veut surtout faire croire au spectateur que c'est son histoire à lui qu'il vit.»

Outre Sophie Cadieux, deux autres performeurs se prêteront au jeu. La conceptrice sonore Nancy Tobin et la danseuse Sophie Corriveau. Chacune livrera une performance d'environ cinq minutes pour chacun des 30 spectateurs qui participeront au parcours. «Les thèmes abordés tourneront autour des souvenirs, du rapport à la mère et à la mémoire, détaille la comédienne. Sophie Corriveau, par exemple, essaie des vêtements et demande au spectateur si c'est la bonne tenue pour sortir. Parfois, le spectateur se retrouvera tout seul.»

Le titre de la pièce, Je ne m'appartiens plus, fait référence au moment à partir duquel on délaisse ce qu'on est pour devenir quelqu'un d'autre, précise Sophie Cadieux. «On s'est inspiré d'un texte de Pascal Quignard, qui traite de l'extimité, c'est-à-dire de l'intimité qu'on veut montrer aux autres. Mais aussi de la littérature féminine, celle qui relève du journal intime, qu'on n'entend pas souvent», précise Sophie Cadieux.

Ce thème de l'intime sera de nouveau exploré à Espace GO dans Au lit avec Virginia, où elle lira pendant trois soirs, couchée, Une chambre en soi (du 4 au 6 février). Et dans La fureur de ce que je pense, qu'elle créera avec Marie Brassard au mois d'avril 2013 en puisant dans l'oeuvre de Nelly Arcan.

Je ne m'appartiens plus, du 5 au 9 septembre à Espace GO.