Voilà déjà cinq ans, que le trio composé d'Yves Dolbec, Rémi-Pierre Paquin et Philippe Gauthier a rapatrié le festival né dans leur Shawinigan natal, sur les berges de Lachine. «On n'a pas encore reçu la clé de la ville, mais on a signé le livre d'or», blague Rémi-Pierre Paquin, à quelques jours du lancement de ces quatre jours de délire en plein air qui a cette année comme thème «Épopée publique.»

«On voulait cette année quelque chose de grandiose, pour s'accorder avec ce qui se passe socialement. Ne pas être dans la demi-mesure», souligne le comédien et directeur artistique du Festival de théâtre de rue (FTR) de Lachine.

Moins de ruelles, plus de nature verte et bleue: cette année, le FTR se fait bucolique, avec ses scènes sous les arbres, ses spectacles au bord de l'eau. «Vraiment, s'il fait beau, ça va être magique.»

Écopant des compressions du gouvernement fédéral en culture, le FTR a dû renoncer cette année à ce qui était devenu sa marque de commerce: le traditionnel gros spectacle événementiel. Pas d'apothéose spectaculaire de fin de soirée, avec des structures crachant du feu (Compagnie Doedel en 2010) ou des trips de haute voltige (tel que vu en 2011, avec la compagnie suisse Orbite.)

«On a réfléchi sur ce qu'on voulait faire: miser sur un gros spectacle, avec des petites performances à côté, ou encore «pimper» l'ensemble et enlever l'événementiel. Finalement, on a décidé d'y aller pour une meilleure programmation. On se retrouve quand même à proposer 10 spectacles à l'heure!»

Populaire et participatif

«Si les casseroles ne s'étaient pas essoufflées, on aurait été bien contents de les accueillir dans notre festival. Nous, on est assez d'accord avec ça!», partage Rémi-Pierre Paquin, qui met en valeur le caractère interactif de son événement.

Vendredi et samedi soir, par exemple, le collectif La 2e porte à gauche, s'appropriera le plancher de danse du Club des pêcheurs du Lac Saint-Louis avec son Bal moderne. «C'est interactif: les gens vont pouvoir apprendre les chorégraphies, qui sont un mélange de danse moderne et sociale.»

Toujours aussi musical, le FTR prêtera sa scène à Plaster, Jimmy Hunt, Pépé et son orchestre, Creature... Clotaire Rapaille, L'opéra rock, occupera chaque soir la scène principale du parc Saint-Louis. Le trio franco-ontarien Les Chicklettes apportera sa touche «cabaret rétro», L'étrange cirque de Monsieur Edgar, de la compagnie québécoise Mobile Home, animera le stationnement, les goélands géants des Écossais Surreal McCoy glaneront partout sur le site, à la recherche de bouffe...

D'ailleurs, le FTR ne «pimp» pas seulement sa programmation, mais rehausse aussi sa carte gastronomique, avec le concours de la roulotte mobile Pas d'cochon dans mon salon. Pour agrémenter les 5 à 7, l'ensemble Cello on Fire interprétera sous les arbres des classiques du métal revisité au violoncelle.

Le 24 juin, le FTR passera en mode «fête nationale», avec une programmation essentiellement musicale. Sinon, en espérant qu'il fasse beau, Lachine entrera dans l'été avec une belle bande de bêtes de rue transformant les berges (et même l'église!) en fête foraine contemporaine.

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Le Festival de théâtre de rue de Lachine, du 21 au 24 juin. Infos et programmation: theatrederue.com