Après avoir charmé les tout-petits avec Le chien et la bille et Le saut de l'ange, la compagnie belge Théâtre Maât est de retour à la Maison Théâtre avec Banquise, fable écologiste sans parole mettant en scène trois pingouins musiciens et un maître de cérémonie mégalomane, qui fait rire et réfléchir.

«Nous voulions parler du rapport de l'homme à son environnement et de ses effets destructeurs qui sont de plus en plus inquiétants, explique au téléphone le directeur artistique de la compagnie, Hadi El Gammal. La banquise qui se décompose en devient le symbole.»

Dans Banquise, les pingouins, «animaux fascinants et très beaux» qui font déjà partie de l'imaginaire des enfants, deviennent les personnages d'un «cirque du monde» dirigé par le maître de cérémonie incarné par Hadi El Gammal, qui parle dans un jargon pseudo-russe et détruit tout sur son passage sans s'en préoccuper. «Nous nous sommes beaucoup inspirés de L'apprenti sorcier, une des histoires du film Fantasia et dans laquelle Mickey crée catastrophe sur catastrophe en déchaînant des forces qui le dépassent.»

Qu'on ne s'y méprenne pas: Banquise n'est pas un cours sur le réchauffement de la planète et ne se veut pas moralisatrice. «Quelle autorité avons-nous pour faire la leçon?» demande Hadi el Gammal, qui préfère parler de sensibilisation et d'éveiller la curiosité. Si son propos est inquiet, la pièce n'est pas sombre et aborde un sujet grave d'une manière ludique et drôle.

«Les enfants rigolent beaucoup pendant ce spectacle. Ils s'attachent à mon personnage, même s'il n'est pas très sympathique, parce qu'il est un peu clown et souvent ridicule.» La lourdeur est évitée aussi grâce à la musique interprétée par les trois pingouins musiciens, au saxophone, à l'accordéon et au violoncelle. Avec ses accents de tango, de valse et de klezmer, elle reste festive et dynamique, même si elle est parfois dramatique.

Niveaux de lecture

Hadi El Gammal revendique le droit de faire vivre toutes sortes d'émotions aux enfants, et il ne tient pas au happy-end à tout prix. «Le pas que je ne veux pas franchir, c'est d'écrire une fin en cul-de-sac, sans issue. On n'a pas le droit de faire ça aux enfants. Mais avec une fin ouverte, qui pose des questions et qui donne de l'espoir, je pense qu'on peut aborder tous les sujets. Nous, c'est ce qu'on dit à la fin de Banquise: et maintenant, on fait quoi?»

Le directeur artistique, qui a travaillé pour les adultes et les enfants au cours de sa carrière, aime bien offrir plusieurs niveaux de lecture, question de «nourrir les parents». «Les enfants vont voir les choses au premier degré. Lors de la scène du grand écroulement de la banquise par exemple, c'est un moment plutôt jubilatoire: ils s'amusent comme s'ils avaient détruit une construction de blocs.»

Mais il apprécie par-dessus tout lorsque parents et enfants ne rient pas au même endroit. «Pour les enfants, ça montre aussi qu'une part de mystère existe au-dessus d'eux, et cet inconnu les fascine. Ils sentent qu'ils ne comprennent pas tout, ça attire leur attention et ça les fait grandir.»

Banquise est présenté à la Maison Théâtre du 28 mars au 22 avril. Pour le 3 à 6 ans. Infos: www.maisontheatre.com.