Trois sur six. C'est la note de passage pour cette 16e édition des Contes urbains, ces soirées théâtrales imaginées par Yvan Bienvenue et Stéphane Jacques où l'on revisite le traditionnel conte de Noël à la sauce moderne et urbaine. Toutefois, ne boudons pas notre plaisir: il y a des moments magiques dans cette édition qui valent amplement le détour à La Licorne. Particulièrement, Le Licheur, de Fabien Cloutier, qui fait crouler la salle de rire, et que le metteur en scène Martin Desgagné a judicieusement placé à la fin. Et aussi Je les connaissais de Michel Marc Bouchard, livré avec sensibilité par Anne Casabonne.

Rappelons la formule: un auteur écrit une courte histoire avec comme thème «la ville dans le temps des Fêtes». Il choisit un interprète qu'il dirigera. Ce dernier doit livrer son conte en s'adressant directement au public, sans «quatrième mur». Les acteurs sont accompagnés par deux musiciens sur scène (excellents Charles Papasoff et Éric Assouad).

Cette année, on est allé chercher six interprètes (en fait sept, mais Linda Wilscam s'est désistée: voir autre texte) qui ont marqué l'imaginaire collectif des émissions pour enfants. Passons vite sur les contes plus faibles: C'est quoi ça, une introduction un peu hors contexte de Marcel Sabourin (La Ribouldingue); Une certaine lassitude avec Marie Eykel (Passe-Partout), caricaturale en bourgeoise qui raconte le crime d'une veuve joyeuse; Bouboule d'André Richard (Fanfan Dédé) qui, le soir de première, ne maîtrisait pas encore son propre texte...

Le spectacle lève donc avec cette tragédie du Boxing Day, imaginée par l'auteur des Feluettes. Un conte pamphlétaire et poétique qui permet d'admirer le talent d'Anne Casabonne. Puis, l'inoubliable Souris verte, Louisette Dussault livre avec aplomb un texte à la fois grave et drôle, Les Cagoules rouges de Dominick Parenteau-Lebeuf, à propos d'une militante féministe dont le destin bascule après sa participation à la marche Du pain et des roses.

Finalement, le grand «cru» (dans le sens de salé) du spectacle est signé Fabien Cloutier. En gros, c'est l'histoire d'un gars qui en rencontre un autre dans un bar, et dont il s'amourachera. Mais ce dernier a une drôle de «problématique sexuelle» que le narrateur nous explique... sans épargner de détails. Ce texte salace, assumé, baveux (le personnage «éclabousse» Serge Postigo, entre autres acteurs qui font fantasmer le couple gai!) est défendu magistralement par Jean-François Gaudet, dans un rôle à des années-lumière de celui qu'il jouait, dans Félix et Ciboulette!

Les temps changent. Nos héros d'enfance aussi!

Contes urbains, jusqu'au 17 décembre. À La Licorne. Durée 2h15 avec entracte.