Pas toujours facile à vivre, la Saint-Valentin, lorsqu'on a 10, 12 ans. Au moment de notre vie où l'on se trouve à cheval sur l'enfance et l'adolescence. Avec ces élans d'amour maladroit qui fusent dans tous les sens. Et ces coeurs qu'on s'offre en pâture. Écrabouillés.

C'est le thème qu'explore avec beaucoup d'humour l'auteure Mélanie Léger pour Je... Adieu, à l'affiche encore une semaine à la Maison Théâtre. La coproduction Acadie-Québec réussit, avec relativement peu de moyens, à créer une fable très actuelle sur ces quêtes amoureuses aussi intenses qu'éphémères.

L'action se déroule dans une école, le jour de la Saint-Valentin, dans la zone passante des casiers où vont et viennent des élèves qui reçoivent peluches et cartes de leurs camarades de classe.

Parmi eux, Sarah, «amoureuse 43 fois», mais jamais aimée en retour, maudit cette fête où elle ne reçoit jamais sa part. Sa meilleure amie, Lili, ne sera pas épargnée puisqu'elle se fera larguer ce jour-là par le Don Juan de l'école, effrayé par ses sentiments naissants envers la jeune fille.

La mise en scène de Louis-Dominique Lavigne est très habile dans la superposition des trois histoires, à la fois individuelles et collectives, qui fait le portrait de chacun de ces personnages aux points de vue très différents. Reconstituant leur petit jardin secret, craintes, espoirs et appréhensions, notamment au moyen de cette tour imaginaire qui leur sert de refuge.

Les trois acteurs, Sarah Berthiaume, Matthieu Girard et Anika Lirette (avec son sympathique accent acadien), sont tous trois convaincants dans leurs rôles respectifs, même si leurs personnages - qui ont 15 ans - étaient pas mal plus vieux que les jeunes spectateurs de 10 ans qui ont assisté à la représentation d'hier matin. Malgré ce petit décalage, les jeunes sont restés captifs, ne se privant pas d'éclater de rire par moments.

Le portrait d'ensemble n'est pas toujours positif. Ces jeunes qui en sont à leurs premières expériences amoureuses, même platoniques, expriment déjà des doutes sur ces histoires de coeurs malmenés. Déjà blasés par ces premiers pas. Mais si l'on se rappelle bien, l'apprentissage de l'amour à cet âge n'est pas de tout repos. La fin du récit est un peu abrupte, mais l'espoir se fraie un petit chemin dans cette fable, somme toute assez charmante.

Jusqu'au 6 novembre à la Maison Théâtre. Pour les jeunes de 9 à 13 ans.